Depuis la pose des premiers rails de ligne du tramway d'Oran par le ministre des Transports en janvier dernier, le chantier semble avancer à bonne allure malgré un climat très contrariant ces derniers jours. Sur tout le tracé qui va de la place du 1er Novembre (centre-ville) à Sidi Maarouf dans l'est de la ville, les chantiers ont été ouverts au grand dam des automobilistes qui ont rarement vécu de tels désagréments : déviations, rues barrées ou rétrécies, engins de terrassement en pleins travaux, embouteillages… rien n'est épargné aux usagers de la route oranaise. Une situation qui, on s'en doute, génère ici et là des accès de colère et, parfois même, de violentes altercations entre des conducteurs dont les nerfs sont mis à rude épreuve depuis plus d'une année : «C'est vraiment usant, se plaint un chauffeur de taxi que les panneaux d'excuses, implantés un peu partout par le maître d'œuvre franco-espagnol TramNour, ne consolent pas. On est constamment bloqués, déviés de notre chemin, invectivés par d'autres conducteurs…, c'est devenu invivable !» Pourtant, selon les responsables de la construction du tramway, les travaux vont bon train : «Le rythme des travaux évolue comme prévu et nous n'avons pas de retards importants, affirme l'un des ingénieurs présents sur les lieux. Il est vrai que cela provoque des désagréments aux habitants de la ville mais c'est un mal pour un bien ; demain, lorsque Oran aura son tramway, on oubliera ces tracas.» Propos rassurants qui tranchent avec la conviction des Oranais que le délai de livraison (début 2011, soit 26 mois après le lancement des travaux en décembre 2008) ne sera pas respecté : «Il est impossible que le tramway soit réceptionné à temps, estime-t-on parmi les habitants. A l'évidence, il y a trop d'intervenants, il y a eu des retards dans la livraison des matériels et les pluies des derniers jours n'arrangent pas les choses.» Au cours de son déplacement à Oran en janvier dernier, le ministre des Transports avaient évidemment insisté sur la nécessité de se conformer aux délais impartis pour ne pas avoir à subir de coûteuses retombées qui accompagnent généralement ces situations. Mais jusqu'ici, on ignore si les constructeurs arriveront à respecter le contrat. La plate-forme du tramway d'Oran s'étend sur une longueur de 18,7 km, répartie sur un trajet bidirectionnel reliant la place du 1er Novembre (centre-ville) à Sidi Maarouf côté Est et à l'université d'Es Sénia côté sud. Le tracé bidirectionnel du tramway devrait passer par quelque 31 stations disséminées sur l'itinéraire de 17,7 kilomètres séparant Sidi Maarouf (est de la ville) de l'université de Sénia (sud). Entre ces deux terminus, le tramway desservira successivement Haï Sabbah, l'USTO, le carrefour des Trois Cliniques, le futur palais de justice, Dar El Beida, le quartier de Plateau St-Michel, la place du 1er Novembre, M'dina J'dida, Boulanger pour, enfin, prendre la direction de Sénia. Ce projet, dont le coût est estimé à plus de 39 milliards de dinars et qui devait générer 2 000 emplois directs et indirects, est pris en charge par «TramNour» (consortium comprenant le Métro d'Alger (EMA), le Groupe d'ingénierie espagnol «Isolux Corsan» et le fournisseur français de tramways Alstom). Alors que «Isolux Corsa» est en charge du volet génie civil, de la voie, de l'ingénierie, de la caténaire ainsi que de la coordination et du pilotage général du projet, Alstom fournira 30 cabines «Citadis 302» (le même modèle que le tramway d'Alger), fabriqués dans l'usine espagnole, le système d'exploitation (signalisation et télécommunications), les équipements du dépôt ainsi que les sous-stations. Sur un plan purement technique, les quais des stations devront mesurer 40 mètres de longueur sur 3 mètres de largeur, le tramway disposera d'un plancher bas qui permet l'accès aux personnes à mobilité réduite, le taux d'occupation de l'appareil sera de 6 personnes par mètre carré et il offrira, de ce fait, quelque 325 places, la fréquence des dessertes seront de quatre à huit minutes, ce qui devrait permettre le transport de plus de 88 millions de passagers par an… Trois extensions extra-muros pour desservir le nouveau pôle universitaire de Bir El Djir à l'est, l'aéroport international d'Es Sénia au sud et «Haï Benarba» au sud-ouest sont actuellement à l'étude.