La consommation de la drogue à Annaba s'est largement répandue ces dernières années avec, il y a quelque temps, l'introduction de l'héroïne, une drogue dure qui, jusqu'à présent, ne dépasse pas certains cercles d'initiés. Les importantes saisies opérées par les différents corps de sécurité, en particulier les brigades des stupéfiants, et les condamnations à de lourdes peines de dealers et de consommateurs n'ont apparemment rien changé à la situation et le phénomène continue à se développer. Ce sont surtout les jeunes qui sont touchés parce que fragiles et facilement influençables du fait des problèmes qu'ils vivent au quotidien. On les voit le soir au bas des immeubles, sur la plage ou dans les ruelles tirer sur leurs joints qui passent de main en main pour planer et oublier cette vie qui ne leur a rien donné. Ils s'habituent très vite à cette substance, en deviennent dépendants et ne s'en sortent presque plus. Un naufrage duquel tente de les sauver le Centre intermédiaire de soins pour toxicomanes (CIST) de Boukhadra (Annaba) avec les maigres moyens dont il dispose et l'encadrement réduit et mal formé qui y est affecté. Sevrer un drogué et l'amener à décrocher n'est pas chose facile, il faut un suivi psychologique, un encadrement spécialisé, des produits de substitution nécessaire pour la désintoxication et une prise en charge complète du sujet. Le centre, qui fait une centaine de consultations par an, réussit plus ou moins et ce, malgré les contraintes et les problèmes auxquels il est confronté à sauver plusieurs jeunes toxicomanes qui retrouvent ainsi une vie tout à fait normale. La première de ces difficultés réside dans l'indisponibilité des produits de substitution qui ne sont pas en quantité suffisante et dont les responsables doivent à chaque fois attendre l'arrivée pour commencer un traitement qui peut durer des mois. Viennent ensuite le suivi familial qui n'est pas toujours efficace puisque le jeune drogué qui sort d'une cure de désintoxication est toujours mal vu et tenu pour une personne instable, l'insertion professionnelle et sociale qui n'est pas toujours évidente et qui parfois conduit à la rechute. L'après-traitement est parfois plus difficile que la cure de désintoxication elle-même et il faut dire que la société n'est pas suffisamment informée et préparée à cette situation. Au niveau de ce centre, il faut aussi signaler que l'équipe médicale manque de personnel spécialisé et le nombre est insuffisant pour une prise en charge adéquate et efficace. Le Dr Teffahi, le spécialiste qui dirige cette importante institution, en appelle aux pouvoirs publics pour qu'ils s'occupent un peu plus de ce centre devenu indispensable afin de soustraire cette jeunesse livrée aux méfaits d'une toxicomanie qui progresse et qui fait des ravages chez celle-ci.