L'Algérien s'est initié au monde de la drogue en connaissant même les plus puissants des stupéfiants à l'instar de la cocaïne et de l'héroïne. Pas moins de 9444kg de cannabis et 42.600 comprimés de psychotropes, ont été saisis par les différents corps de sécurité durant l'année 2005. Ces chiffres des plus alarmants, ont été avancés, hier, par Abdelmalek Sayeh, président de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, lors de son passage au forum de la Chaîne I de la Radio nationale. Outre le fait qu'elles témoignent de l'imminence du danger qui guette le pays, ces quantités effrayantes de stupéfiants saisies en l'espace d'une seule année, nous pousse à s'interroger, dès lors, sur le volume réel de poison ayant échappé à la vigilance des services chargés de lutter contre la drogue et surtout de se demander: quelle est la quantité de stupéfiants consommée en Algérie? La question est de taille, et Abdelmalek Sayeh avoue que son organisme n'est pas en possession de ce genre de statistiques. Depuis les années 70, l'Algérie était considérée comme un pays de transit par où les cargaisons de stupéfiants en provenance du Maroc ou de l'Afrique subsaharienne, passent avant d'arriver à leur ultime destination en Europe ou, le cas échéant, au Proche-Orient. Mais depuis, les donnes ont changé, et l'Algérien s'est initié au monde de la drogue en connaissant même les plus puissants des stupéfiants à l'instar de la cocaïne et de l'héroïne. Des quantités de plus en plus conséquentes de ces drogues sont saisies notamment dans les grandes villes. Mais en dépit de l'absence de données précises et fiables concernant la consommation de la drogue en Algérie, Sayeh affirme: «Notre pays se dirige tout droit à devenir un grand espace de consommation de stupéfiants et il suffit, pour se convaincre, de constater que le phénomène touche jusqu'aux écoles primaires». La dangerosité de la situation se confirme, aussi, par le nombre d'affaires inhérentes à la commercialisation et/ou à la consommation des diverses drogues. Pour la même année 2005, la justice à traité quelque 4480 affaires liées à la possession et à la consommation de la drogue et près de 1690 autres, liées à son trafic. Dans le sillage des dites affaires, pas moins de 8698 personnes ont été interpellées dont 1500 pour des affaires de trafic. S'agissant des causes de la progression vertigineuse prise par ce phénomène dans notre société, l'invité d'Elwadjiha, a estimé que la crise économique et sécuritaire qu'a vécue le pays, ces deux dernières décennies, est en grande partie responsable de cette situation inquiétante. Une raison à laquelle, on peut ajouter, poursuit l'ancien magistrat, le fait que l'Algérie se trouve à proximité du Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde et tout près du l'Europe, l'un des plus importants espaces de consommation de stupéfiants. Se basant sur des chiffres d'Interpol, M.Sayeh a indiqué que sur un total de 693 tonnes de cannabis saisies en Europe en 1999, plus de 600 tonnes ont été produites au Maroc. Interrogé sur la stratégie adoptée par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, pour enrayer la prolifération de ce fléau, son président a fait savoir que la prévention et la sensibilisation des citoyens viennent en tête des moyens choisis pour combattre, ou du moins, réduire sa consommation. L'hôte de la Chaîne I, a appelé la société civile à s'impliquer dans ce combat en procédant à la création d'associations de lutte contre la toxicomanie. M.Sayeh a annoncé, dans le même contexte, l'ouverture d'une ligne téléphonique verte pour permettre aux citoyens de dénoncer, de manière anonyme, les dealers et autres barons de la drogue. Ceci en plus, poursuit-il, du renforcement de la coopération entre les pays du Maghreb et de la Méditerranée ainsi que l'arme dissuasive qui consiste à fortifier les moyens de contrôle des frontières nationales. Il faut dire, à ce sujet, que les frontières du pays, sont devenues une importante zone d'activité pour les trafiquants et contrebandiers de tout bord exploitant les insuffisances numériques et matériels des services chargés de surveiller cet immense espace frontalier qui s'étire sur 6000km d'espaces terrestres et 1200km de côtes. Aussi, Sayeh n'a pas omis de faire le point sur le lien unissant le terrorisme, le blanchiment d'argent et le trafic de drogue. Lequel trafic, engrange, selon l'ONU, quelque 500 milliards de dollars dont une importante partie est utilisée pour le financement des organisations terroristes.