«Ch'hal ?» (Combien ça coûte ?) C'est la question que posent les consommateurs aux commerçants à chaque fois qu'ils font leurs courses. C'est devenu un rituel puisque les prix sont rarement affichés. On le constate quotidiennement à travers les marchés et les points de vente des différents produits. Cette pratique n'est pas caractéristique à l'informel, elle touche aussi les commerces légaux et de manière très importante. Et, pourtant, la réglementation est claire à ce sujet. Le bilan du ministère du Commerce pour l'année 2009 en matière de lutte contre la fraude et la concurrence déloyale fait d'ailleurs ressortir que sur 107 390 infractions enregistrées, sur 324 844 interventions, 40% ont trait au défaut d'affichage contre 30% à l'absence de facture et 18% à l'insalubrité. Ainsi, même dans le commerce formel, on fait de l'informel. On cherche par tous les moyens à s'enrichir sur le dos du consommateur en jouant librement sur les prix, les marges réglementaires et les conditions de commercialisation. Ces dernières sont des plus lamentables. Nos marchés des fruits et légumes offrent en effet un visage hideux. Au-delà des problèmes liés à l'absence d'affichage, à l'insalubrité et à la commercialisation des produits non conformes (dont la valeur saisie en 2009 a dépassé les 7 milliards de dinars), un phénomène qui pèse lourd dans la santé publique, les consommateurs, affaiblis par l'absence d'un mouvement associatif fort, font face à une autre situation. Ils souffrent du manque de marchés de proximité. Au fil des ans, on a construit des centaines de cités à travers le territoire national pour résorber le chômage sans prendre en considération les besoins des populations en lieux de commerce. Ce qui pousse dans la majorité des cas les citoyens à se rabattre sur l'informel. Où en est le programme annoncé par le ministère du Commerce de construction de 1 838 marchés de proximité à l'horizon 2015 ? Qu'en est-il de la réhabilitation des marchés existants ? Pour freiner l'informel et assurer de bonnes conditions de commercialisation, il y a lieu également d'imposer la facturation aux marchands qui ont saisi l'opportunité de l'absence des contrôleurs sur le terrain ou de leur vulnérabilité pour sévir en toute quiétude et faire perdre à l'économie nationale des sommes faramineuses. Combien coûte tout ce laxisme ? Combien coûte également cette absence d'hygiène au secteur de la santé ? Il est clair aujourd'hui, qu'avec tous ces éléments, le secteur du commerce n'est pas près de sortir du labyrinthe des anomalies et des pratiques frauduleuses tant que la loi n'est pas appliquée dans toute sa rigueur. Cette loi est bien là. S. I.