Synthèse de Lyes Menacer à l'approche des élections générales (présidentielle et législatives), prévues en mai prochain, l'armée burundaise connaît une grave «crise», en mesure de précipiter le pays «dans le gouffre», a averti le ministre de la Défense. «Il se passe quelque chose d'inhabituel [...]. Nous n'avons jamais connu de crise qui semble durer aussi longtemps alors que le pays traverse une période cruciale», a déclaré mardi soir le général Germain Niyoyankana. «Si cette crise perdure, cela peut précipiter le pays dans le gouffre», a-t-il souligné. Le ministre de la Défense a fait cette déclaration le jour de l'ouverture du procès, devant le conseil de guerre à Bujumbura, de 18 soldats arrêtés en janvier et poursuivis pour «complot militaire» et «déstabilisation des institutions». Ce procès se déroule dans un contexte de malaise persistant au sein des forces de l'ordre. Depuis décembre 2009, au moins six sous-officiers ont été arrêtés et huit militaires renvoyés de l'armée, soupçonnés d'avoir appelé par tracts les soldats à la révolte. En février, un soldat avait été tué lors d'une fusillade déclenchée par des soldats dans un camp de Bujumbura. «Samedi soir, un inconnu a tiré des rafales en direction de la Présidence et de la 2e vice-présidence», a reconnu le ministre, y voyant l'action d'«un ennemi de la paix». Fin novembre, des tracts, distribués dans plusieurs provinces par des sous-officiers, soldats et policiers, accusaient leurs hiérarchies de favoritisme et de prélèvement non justifié sur leurs soldes. Ils leur reprochaient également d'avoir chassé les veuves de guerre des camps militaires, promettant des représailles sanglantes. Le Burundi tente de sortir depuis 2006 de 13 ans de guerre civile déclenchée par l'assassinat du premier président démocratiquement élu, le Hutu Melchior Ndadaye, lors d'une tentative de coup d'Etat de l'armée, alors dominée par la minorité tutsi. Le Burundi est dirigé par un pouvoir élu, issu de l'ex-principale rébellion hutu du CNDD-FDD.