Photo : Riad Par Faouzia Ababsa L'Algérie avait commencé à engager des réformes économiques dès le début des années 80. Il s'agissait pour les pouvoirs de l'époque de réorganiser l'économie. Cela s'est soldé par le saucissonnage des entreprises publiques par la création de plusieurs filiales, à l'instar de Sonatrach qui avait décidé de se séparer de 9 entreprises. C'est ce qu'on appelait communément à l'époque les entreprises parapétrolières. Une restructuration assimilée beaucoup plus à une déstructuration, tant les conséquences qui ont découlé ont fini par mettre les entités économiques dans des situations de quasi-faillite. Des filiales d'entreprises ont été érigées. On leur a adoubé le partage du passif de l'entreprise mère, dont et surtout l'endettement et la pléthore des effectifs. Après le choc pétrolier de 1986 et la crise boursière de 1987, l'Algérie était tenu de revoir sa copie. Trouver un moyen de sauver l'économie à travers le rééchelonnement de sa dette et son début de soumission aux injonctions des institutions de Bretton Woods. En janvier 1988, le gouvernement Hamrouche, appelé Exécutif des réformes, entame la première génération des réformes en mettant les entreprises publiques sous la chapelle de nouveaux cadres. C'est l'ère des Fonds de participation de l'Etat chargé de gérer le portefeuille de ces entités économiques et faire en sorte qu'elles soient rentables. Puisque, selon la loi de janvier 1988, les Fonds de participation se devaient de tirer le plus de dividendes possibles. Avec cette précision quand même que les fonds de participation avaient la latitude de s'entraider pour sauver les entreprises en difficulté. En somme, les riches aidaient les pauvres. En 1995, avec l'entrée en vigueur du Plan d'ajustement structurel et dans le cadre de sa stricte application, les pouvoirs publics étaient contraints de dissoudre plus de 1 500 entreprises, considérées comme déficitaires, avec le licenciement de près d'un million de travailleurs. Les entreprises restantes étaient toutes destinées à la privatisation. D'ailleurs, une ordonnance a été promulguée dans ce sens et adoptée l'été de la même année par le Conseil national de transition (assemblée non élue, mais désignée suite à la conférence nationale de 1994). La mission de préparer la privatisation échoyait aux holdings, institués par l'ordonnance de 1995 relative aux capitaux marchands de l'Etat. Ce sont les réformes dites de la deuxième génération. Il faut savoir qu'à ce jour aucun bilan des privatisations n'a été établi par les pouvoirs publics. Un flou total régnait sur le processus. Même les appels d'offres et l'ouverture des plis brillaient par la désinformation, le Conseil national de la privatisation, présidé à l'époque par l'expert international Abderrahmane Mebtoul, ayant instauré une véritable omerta autour de cette question. Quant à la commission de contrôle des privatisations, elle n'avait siégé qu'une seule et unique fois pour la prise de contacts entre ses membres. C'est en 2003 que le gouvernement décide de remplacer les holdings par les sociétés de gestion de participation de l'Etat, le but étant de mieux asseoir le processus de privatisation des entreprises publiques et d'encourager l'investissement, notamment étranger. Ce sont les réformes dites de troisième génération. Les présidents de ces SGP ont très peu de prérogatives, et certaines sont incapables de se battre pour défendre ne serait-ce qu'un investissement sur fonds propre des entreprises mises sous leur tutelle. De plus, les SGP n'ont beaucoup de prérogatives en raison de la dichotomie qui existe avec les ministères de tutelle. Tout cela, bien entendu, a été fait dans le cadre de l'entrée de l'Algérie dans l'économie de marché. Cependant, l'anarchie était telle que même le président de la République a reconnu publiquement l'échec de ces réformes. Aujourd'hui, et l'annonce a été faite de nouveau par le ministre de l'Industrie et de la promotion des investissements samedi dernier sur les ondes de la Chaîne III, les entreprises retournent dans le giron des ministères de tutelle. Ce qui n'est pas pour leur déplaire, en ce sens qu'elles savent à quoi s'en tenir et n'ont qu'un seul interlocuteur à même de trancher les problèmes posés.