De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'assurance des valeurs immobilières, malgré les insistantes orientations des pouvoirs publics et les campagnes publicitaires répétées des organismes spécialisés, n'arrive toujours pas à se faire une place sur le marché algérien. Le produit en lui-même et la qualité des prestations offertes restent, en effet, loin de convaincre les propriétaires. Contracter une police d'assurance pour se prémunir contre les catastrophes naturelles, les incendies ou tout autre type de risques, est considéré comme un leurre. Contrairement aux explications qui attribuent ce désintérêt à un déficit de communication, il s'agit fondamentalement d'une profonde crise de confiance. Les lenteurs bureaucratiques, qui accompagnent généralement toute opération d'indemnisation, ont fini par dissuader la clientèle. Le citoyen ne croit, tout simplement, plus à l'assurance. Il n'y souscrit que lorsque la loi l'y oblige comme dans le cas de l'assurance automobile. Faute d'efficacité et de célérité dans le traitement des dossiers, les assureurs assument, quasiment seuls, cette désaffection. Pour un simple remboursement de frais de réparation automobile, l'assuré est souvent contraint d'entreprendre d'interminables procédures pour obtenir, en fin de compte, une réparation bien en dessous du préjudice subi. Certains automobilistes préfèrent même s'entendre à l'amiable pour s'éviter justement ces tracasseries administratives. Il n'est pas rare de nos jours de rencontrer un automobiliste «fautif» qui vous propose de payer cash le dommage causé à votre véhicule sans recourir ni même informer l'assurance. Comme il y a parfois des assurés qui se retrouvent obligés de faire le travail de leur assureur en faisant des voyages dans d'autres wilayas afin de se faire rembourser. D'autres, au bout de plusieurs démarches infructueuses, finissent par y renoncer pour ne pas corser davantage la facture des faux frais. Si dans «l'automobile» nos assureurs ne s'assument pas tellement, qu'en sera-t-il dans l'immobilier où les dégâts sont généralement beaucoup plus lourds ? Voilà la question qui revient sans cesse quand on évoque le sujet. C'est le problème de la protection des droits du client qui se pose. S'il faut à chaque fois solliciter la justice pour dénoncer ce genre de défaillances, l'assuré perdra certainement au change. Malgré la gravité des sinistres qui causent à chaque fois d'énormes dommages, les gens préfèrent assurer leurs «arrières» au lieu de compter sur un système d'assurance excessivement bureaucratisé. Au lendemain de catastrophes naturelles (séismes, inondations, incendies…), les citoyens se tournent invariablement vers l'Etat qui a prévu un Fonds à cet effet. Est-ce suffisant ? Assurément non, mais c'est le seul recours sérieux qui s'offre au sinistré. Il y a cependant une infime partie de la population qui semble croire, du moins conjoncturellement, à l'assurance des biens mobiliers et immobiliers. «Suite aux tragiques inondations de Bab El Oued et au lendemain du séisme ravageur de Boumerdès, on a enregistré une certaine prise de conscience pour l'assurance immobilière. Cet intérêt occasionnel s'est entre-temps considérablement estompé», souligne Djamel, employé d'une agence d'assurance à Béjaïa. Préférant s'exprimer sous le sceau de l'anonymat, notre interlocuteur estime que «les assureurs n'ont pas su maintenir et fructifier cet élan». S'agissant du coût annuel de cette assurance, il est établi en fonction de l'état de vétusté de la bâtisse et des risques couverts. «Le montant varie généralement de 1 000 à 4 000 dinars», indique notre source, qui note, ces derniers temps, «un certain penchant pour l'assurance du mobilier contre les vols». Là encore, la prime d'assurance est proportionnelle à la valeur mobilière déclarée.