Les 76 détenus de la prison d'El Harrach qui ont réussi à décrocher leur examen du baccalauréat, sur 98 candidats, ont été honorés hier par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz. En compagnie du ministre de la Solidarité, M. Djamel Ould Abbes, et du secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, M. Nacer Bouteflika, Tayeb Belaïz a inspecté de nouveau tous les espaces et services composant la prison, comme la salle de sport, le taxiphone ou encore la salle de soins. Se renseignant sur l'état de santé des détenus, le ministre recommandera au premier responsable des services pénitentiaires, M. Fellioun, de veiller à ce que les malades asthmatiques soient affectés dans les fermes pilotes. Il ne manquera pas de rappeler que la politique du ministère de la Justice vise à «humaniser nos prisons. C'est un de nos objectifs premiers, il est donc nécessaire d'offrir les meilleures conditions de détention à nos prisonniers. Nous tenons à former les détenus pour leur permettre une réinsertion dans la vie sociale». Après cette inspection, des discours d'encouragement et de félicitation ont été prononcés par les responsables du secteur, suivis de la remise de cadeaux aux détenus bacheliers et le partage d'un grand gâteau, préparé spécialement pour l'occasion. Certains bacheliers semblaient très satisfaits de l'encadrement offert au niveau de la prison d'El Harrach. D'autres ont regretté le manque d'outils pédagogiques permettant une meilleure préparation du cursus scolaire. H. A. est âgée de 23 ans. Elle attend sa condamnation dans une affaire criminelle. Détenue depuis 18 mois, la jeune femme qui a échoué à son bac à deux reprises avant son inculpation, a réussi cette année à le décrocher avec une moyenne de 11,75 en plus d'un diplôme en broderie. «La prison est une dure expérience pour moi, mais elle m'a permis au moins de m'appliquer dans les études et de penser à mon avenir. Je me suis inscrite en droit des affaires et j'espère sortir d'ici rapidement pour continuer mes études.» Encouragée par sa mère, la jeune femme se dit décidée à aller de l'avant. Elle n'est pas la seule. Une autre jeune détenue, à peine 28 ans, malgré sa condamnation définitive à la perpétuité, poursuit son combat. Alors qu'elle poursuit ses études en troisième année de droit des affaires, la jeune Razika a réussi, cette année, à décrocher pour la deuxième fois le baccalauréat dans le seul espoir de faire des études de droit. Elle exprimera d'ailleurs son souhait au ministre afin qu'il intervienne pour lui permettre d'y accéder. En fait, les détenus bacheliers ont deux possibilités pour les études supérieures : par correspondance ou en bénéficiant de la semi-liberté. Seuls les détenus ayant au plus deux années de peine à purger ont droit à la semi-liberté et donc au choix des filières. Le père de Chakib est dans ce cas-là. Cet ex-cadre financier de 39 ans, condamné pour un crime économique, quittera dans un mois sa cellule d'El Harrach après 34 mois de détention. Il a bien l'intention de poursuivre ses études et de «passer à autre chose. Si je suis là, c'est parce que j'ai fait des bêtises par le passé et ma détention m'a permis de me remettre en cause». Et c'est pour que le père de Chakib et bien d'autres, qui ont décidé de reprendre leur vie sur de nouvelles bases, puissent avoir cette chance que le ministère de la Justice a décidé de mettre en place des centres de formation pour les accueillir et leur permettre, graduellement, de se réinsérer. H. Y.