De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Pour trafic d'influence, corruption, pêche illicite et complicité, les 9 accusés dans l'affaire de blanchiment de capture de 210 tonnes de thon rouge ont tous été condamnés à 3 ans de prison ferme assortis de deux amendes, l'une de 78 millions de DA au profit de l'administration des douanes et l'autre, de 8 milliards de DA, pour le préjudice commis au détriment du Trésor public. Telle a été la lecture du compte rendu de délibéré de ce procès qui aura duré 9 mois mais qui n'est pas pour autant terminé puisque la défense compte faire appel. En fait de défense, n'était présent à cette audience qu'un seul avocat sur les 12 qui représentent les accusés, qui, eux-mêmes étaient absents lors de la lecture du verdict. Rappelons que cette affaire a été mise en délibéré le 24 mars dernier après une audience marathon qui avait duré 14 heures et qui s'est prolongée aux alentours de minuit. Au cours de cette audience, le juge avait auditionné pour la seconde fois les 9 accusés, l'un après l'autre, remontant jusqu'à la date où les bateaux turcs et algériens avaient été arraisonnés au large des côtes de Annaba, dans les eaux territoriales algériennes, par des unités des gardes-côtes de la station maritime principale. L'opération s'est soldée par la découverte de 210 tonnes de thon rouge vivant dans des cages flottantes, saisie de cette quantité, qui représente près de 18% du quota de pêche accordé par l'ICAT (Commission internationale de conservation des thonidés), arraisonnement à quai des 4 bateaux turcs et algériens et ouverture d'une enquête sur cette pêche qualifiée d'illicite parce que, selon les premiers éléments recueillis alors, il y avait eu transbordement de cette quantité de thon en haute mer. Une autre thèse avait soutenu que ce sont les bateaux turcs qui avaient effectivement pêché les 210 tonnes de thon puisque disposant d'équipements et de moyens nécessaires et que les bateaux algériens n'avaient fait que vendre leur quota. Ces thèses vérifiées auprès de responsables du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques avaient amené le juge à convoquer le secrétaire général de ce département, M. Boudamous Fateh, ainsi que le directeur des pêches maritime et océanique, M. Allam Kamel, pour être auditionnés sur les conditions et les circonstances qui avaient conduit à cette opération. Le juge s'était assuré de par les questionnements des uns et des autres qu'aucun des armateurs, aussi bien algériens que turcs, n'avaient d'autorisation écrite et qu'il n'y avait que des accords de principe d'où les soupçons de complicité et de corruption. Il avait également été établi que les déclarations d'un armateur algérien assurant avoir pêché cette quantité en 3 jours étaient infondées puisque des bateaux japonais, mieux équipés, plus performants et dont les équipages sont plus expérimentés, n'avaient pu pêcher en 20 jours que 300 tonnes de cette espèce de poisson. Donc, à partir de ces éléments, la thèse selon laquelle les bateaux turcs avaient eux-mêmes procédé à cette pêche a été confirmée, ce qui confortera le magistrat dans ses soupçons. La mise en délibéré, qui a duré 13 jours, a donné lieu à ce verdict, sévère selon les uns, clément selon d'autres, toujours est-il que la défense n'est pas satisfaite et se prépare déjà à faire appel.