Des rebelles maoïstes ont tué 75 membres des forces de l'ordre dans la jungle du centre de l'Inde lors d'une attaque. C'est le pire massacre jamais perpétré par les «terroristes rouges» contre la police. Une patrouille de la Force centrale de la police de réserve est tombée dans une embuscade dans un district de l'Etat du Chhattisgarh, au centre de l'Inde, un bastion maoïste. Les renforts arrivés sur place sont à leur tour pris pour cibles par des centaines d'hommes lourdement armés. Les policiers ont péri sous le feu nourri lors d'une intense fusillade et par des explosions de mines. L'Inde est sous le choc. C'est la pire attaque jamais lancée contre la police indienne. L'action est considérée comme une réponse à l'opération des forces de l'ordre lancée fin 2009 pour déloger les maoïstes de leurs bastions baptisée «Chasse verte» en référence à la zone où stationne la rébellion. Les maoïstes ont multiplié ces derniers mois les attaques violentes causant des victimes parmi les forces de l'ordre. Mi-février, des maoïstes lancent une spectaculaire attaque contre un campement policier dans l'est de l'Inde. Bilan : 25 morts. Mars 2007, 55 policiers sont tués dans le même Etat lors d'une attaque attribuée aux maoïstes. Les «terroristes rouges», nom donné aux rebelles maoïstes, qui seraient entre 10 000 et 20 000, prônent la lutte pour la défense des paysans sans terre et des tribus. Selon les maoïstes, l'Inde est «un pays semi-colonial, semi-féodal et il est nécessaire de mener une révolution pour changer l'ordre». Selon le Premier ministre indien, Manmohan Singh, les rebelles représentent la plus grande menace pour la sécurité de l'Union de l'Inde. Vingt des 29 Etats indiens, en particulier les Etats du Jharkhand et de l'Orissa, sont le théâtre depuis 1967 d'actes de rébellion maoïste. Au fil des ans, certains sont devenus de plus en plus radicaux. Fin février, un dirigeant maoïste avait proposé au gouvernement un cessez-le-feu à condition que New Delhi suspende l'offensive des forces de sécurité lancée récemment pour les déloger de leurs bastions. Le massacre a fait réagir le parti d'opposition BJP (Bharatiya Janata Party, droite), qui a estimé qu'il s'agissait d'une «attaque contre la démocratie». M. B.