De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Un ballon de football qui traîne sur l'herbe, une corde accrochée à une solide branche en guise de balançoire, des enfants qui gambadent sur les vastes étendues boisées sous les yeux amusés mais attentifs de leurs parents, tel est, grossièrement dépeint, le tableau offert par la forêt des Lions, chaque fin de semaine de ce printemps. Bien qu'il ne fasse pas encore très chaud et qu'il faille toujours se prémunir contre les caprices du climat, les promeneurs n'hésitent pas à se balader en demi-manches et à offrir leurs bras nus aux caresses du soleil : «Il fait encore assez froid mais les jeunes ne s'en rendent même pas compte», sourit Rachid, jeune père de famille, venu s'oxygéner les poumons et l'esprit, en compagnie de son beau-frère et de leurs familles. A quelques mètres de l'espace où ils ont choisi de s'installer, leurs jeunes enfants courent dans tous les sens pendant qu'un adolescent s'entête à vouloir escalader un arbre : «Mon frère est venu la semaine passée et il paraît que ce n'était pas aussi calme : il y avait beaucoup plus de monde et des groupes de karkabou s'amusaient un peu partout, donnant à l'endroit un air de fête», poursuit Rachid. Il faut dire que ce samedi à 14 heures, la forêt des Lions ne grouille pas encore de monde et les arrivants ont l'embarras du choix pour s'installer autour des tables mises à disposition ou étendre leurs tapis et carpettes sur l'herbe fraîche. Ce n'est qu'aux environs de 16 heures que les espaces libres commencent à se raréfier et que le silence du bois cède la place aux cris, au karkabou et à la musique : «Mais c'est quand même très agréable», juge Amine, habitué à entraîner sa petite famille sur les lieux. «L'endroit est régulièrement inspecté par la gendarmerie et les gens sont très sympathiques ; ce que l'on perd en calme, on le gagne en sécurité et en confiance.» Ce qui n'est pas rien pour une wilaya dont les espaces boisés avaient été interdits à la population pendant de longues années par la menace terroriste et, plus tard, par le banditisme. Aujourd'hui, la forêt des Lions -comme celle de M'sila, les plaines de Boutlelis, le mont Murdjadjo et l'ensemble des espaces agrestes- est fréquenté par des milliers d'Oranais en quête de détente et d'assoupissement ou, au contraire, de randonnées et d'activités physiques loin du stress de la ville : «J'espère qu'il fera beau la semaine prochaine parce que j'ai envie d'emmener ma famille à Moulay Abdelkader, reprend Rachid en ramassant les restes du pique-nique. Depuis qu'il a été réaménagé, l'endroit est très agréable même s'il y fait un peu froid.» La fraîcheur n'a, en effet, jamais empêché des centaines de promeneurs de se rendre sur cette hauteur qui offre tellement de plaisir : un air vivifiant, des espaces bucoliques et de magnifiques perspectives sur la ville, le port et la mer.A quelques mois de la saison estivale et de l'inévitable rush de millions de touristes, les Oranais profitent du printemps pour jouir des merveilles naturelles de leur cité.En été, Oran ne leur appartient pratiquement plus.