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L'hôpital d'ophtalmologie de Djelfa, une vision d'avenir
Infrastructure prestigieuse, équipements performants et médecins compétents
Publié dans La Tribune le 11 - 04 - 2010


Photo : M. Hacène
De notre envoyée spéciale à Djelfa
Karima Mokrani
L'hôpital d'ophtalmologie «Amitié Algérie-Cuba» de Djelfa est fin prêt pour recevoir ses nouveaux dirigeants. Il change de main et passe des Cubains aux Algériens. L'Etat algérien a acheté toute la bâtisse, construite sur une superficie de 19 612 m2. Il obtient le droit de propriété et de gestion administrative mais maintient en place le personnel médical et paramédical cubain.
Ce dernier continuera d'assurer les mêmes services de haut niveau mais sans faire payer les malades.
C'est clair, les prestations de service seront gratuites. Ce sera le même fonctionnement que dans un établissement hospitalier public. Plus précisément, un Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) en ophtalmologie. Un grand acquis pour la population djelfaouie et celle des wilayas environnantes. Un grand acquis pour toute l'Algérie, devrions-nous dire parce qu'il ne s'agit pas d'une simple structure hospitalière. C'est une grande bâtisse, une infrastructure prestigieuse, composée de trois étages en plus du rez-de-chaussée. Tout un étage pour les consultations et 120 lits d'hospitalisation (des chambres à deux lits et même des suites) au niveau de deux étages supérieurs. Le rez-de-chaussée est réservé à l'accueil et à l'orientation des malades. Vu de l'extérieur, l'établissement est fort agréable. Il l'est encore davantage à l'intérieur où tout paraît plaisant et confortable. Les patients ne s'en plaignent pas le moins du monde. «C'est du grand luxe», affirment des femmes et des hommes de différents âges et de toutes les catégories sociales.
La propreté est la maîtresse des lieux : «Les agents d'entretien veillent constamment à la propreté des lieux.» Plus que cela, on y trouve des équipements de grande performance. «C'est le top niveau», lance un citoyen. Et pour toutes les spécialités d'ophtalmologie. Quant aux médecins cubains, ils sont connus pour leur maîtrise de cette spécialité. Le contact de ces Cubains avec les malades et le personnel algérien n'est pas très facile à cause du problème de la langue mais pour cela, il y a y quinze interprètes algériens (de l'espagnol à l'arabe), en plus de quelques agents d'administration (cubains) qui parlent un peu français. «Les gens viennent de partout… Dans cet établissement de santé il y a tous les équipements nécessaires, un bon accueil, des soins de qualité… et les tarifs pratiqués ne sont pas trop élevés, en comparaison de ceux pratiqués par les cliniques privées algériennes et étrangères», affirment des habitants de Djelfa. L'annonce de la gratuité des soins fait des heureux : «C'est vraiment magnifique. Ça va permettre à tous les malades de se faire soigner dans de bonnes conditions.»
Des citoyens de toutes les wilayas du pays s'y rendaient donc pour des consultations, des interventions chirurgicales, des examens complémentaires… et certains, juste par curiosité. Les statistiques de l'administration cubaine indiquent que 104 000 malades ont subi des soins dans cet hôpital depuis son ouverture le 19 avril 2008. Quelque 8 000 actes chirurgicaux, 6 500 grandes chirurgies et 110 000 examens supplémentaires y ont été effectués. Une jeune interprète cubaine insiste sur le fait qu'il y a plus de 100 nouveaux malades chaque jour. Durant les deux semaines des dernières vacances scolaires, le nombre de consultations quotidiennes a atteint 300. La maladie pour laquelle il y a le plus de consultations est la cataracte, suivie du glaucome. Interrogé au sujet des tarifs appliqués dans cet EHS, le directeur cubain, Louis Curbelo Alfonso, rapporte que la consultation coûte entre 1 850 et 5 400 DA, l'examen préopératoire entre 2 400 et 7 500 DA, la nuit d'hospitalisation 5 200 DA et l'acte chirurgical entre 10 000 DA et 90 000 DA. D'autres chiffres communiqués par le directeur en chef du projet de l'EPS, Mohamed Belaïtar, concernant les activités de l'année 2009, fait état de 20 466 consultations d'ophtalmologie générale, 5 996 d'ophtalmologie pédiatrie, 1 730 de la cornée, 885 consultations de chirurgie réfractive, 4 496 du glaucome, 9 324 de la cataracte, 7 580 de la rétine, 2 841 activités du bloc opératoire, 2 484 activités de radiologie et 3 462 activités de laboratoire. L'hôpital emploie 120 Algériens (entre agents de sécurité et d'entretien) et 121 Cubains entre médecins, agents paramédicaux et autres agents de maintenance. Sa construction a coûté plus de 20 millions de dollars
américains. Précisons que les médecins et les paramédicaux sont à 100% cubains. Il n'y a ni ophtalmologue ni paramédical algérien.
Une décision politique qui remonte au mois de juin 2009
La décision de transfert de cet hôpital du secteur privé au public n'est pas nouvelle. Elle remonte au mois de juin 2009, lorsque le président cubain Raul Castro est venu en Algérie. «C'est une décision politique. Elle émane des plus hautes autorités des deux Etats algérien et cubain», affirme un politique de Djelfa. «C'est une décision politique», affirme, à son tour, Mohamed Belaïtar, désigné directeur en chef du projet de l'EHS au mois d'octobre 2009. C'est lui qui devait assurer la direction de cet établissement une fois le transfert officialisé. En attendant, l'homme suit de près la gestion des questions administratives, avec l'aide des administrateurs cubains. Il affirme que les choses se passent normalement et dans un cadre clair et transparent. Louis Curbelo Alfonso, le directeur cubain, tient les mêmes propos et avance le même argument : «C'est une décision des gouvernements algérien et cubain et nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous sommes prêts pour la passation de consignes et sommes disponibles pour apporter tout le soutien nécessaire à nos camarades algériens pour la réussite de l'opération.» Les raisons se trouvant derrière ce transfert semblent donc purement politiques entre les deux pays «frères» et cela ne concerne pas seulement l'hôpital ophtalmologique de Djelfa. Les trois autres hôpitaux en cours de construction à Ouargla, Béchar et El Oued ont également été rachetés par l'Etat algérien. Ils deviennent donc une propriété algérienne et leur gestion sera à 100% algérienne. Le personnel médical et paramédical sera toutefois cubain comme c'est le cas de Djelfa. L'équipement technique sera aussi cubain ; même chose pour les agents de maintenance. Trois autres hôpitaux d'ophtalmologie sont en cours d'étude à Sétif, Tlemcen et Tamanrasset et connaîtront le même fonctionnement. C'est ce qui a été décidé dans le cadre de la coopération bilatérale algéro-cubaine. «La question de la gestion des hôpitaux cubains a été soulevé lors de la réunion de la commission mixe algéro-cubaine où il a été convenu que l'Algérie acquière ces hôpitaux tout en permettant aux spécialistes cubains de continuer d'y travailler», a déclaré le ministre de la Santé, Saïd Barkat, le 1er avril 2010, lors d'une session plénière à l'APN, en réponse à la question d'un député de Djelfa. Et le ministre de poursuivre : «La décision d'achat des hôpitaux cubains et la perception par les spécialistes cubains de leurs salaires de la part de l'Etat algérien en tant que coopérants étrangers est une décision politique. Il a été convenu dans le cadre de la commission mixte de conférer la mission de gestion de ces établissements sanitaires à des gestionnaires algériens.» Les habitants de Djelfa attendent avec impatience l'arrivée du ministre Saïd Barkat annonçant officiellement le transfert de l'établissement du privé au public. La visite du ministre prévue pour le mois de janvier dernier n'a pas eu lieu. On l'attendait donc au lendemain de son intervention à l'APN, en vain. «Il viendra peut-être le 19 avril prochain pour le deuxième anniversaire de l'ouverture de cet hôpital», nous dit un élu de la wilaya de Djelfa.
Les Djelfaouis attendent l'arrivée du ministre Barkat
Et pour cause ! «C'est vrai que le ministre a annoncé la gratuité des soins dans cet hôpital le 1er avril dernier mais cela n'est pas encore appliqué sur le terrain. Les citoyens continuent de se faire soigner mais en payant toutes les prestations médicales», déclarent des habitants de Djelfa. «C'est toujours payant», confirment des malades. En effet, comme nous avons pu le constater la semaine dernière, l'hôpital d'ophtalmologie continue d'offrir les mêmes services, avec les mêmes médecins et autres personnels mais en faisant toujours payer les malades. «Tant que le ministre n'est pas venu à Djelfa pour annoncer officiellement le transfert de l'hôpital du privé au public et donc la gratuité des soins, l'établissement continuera de fonctionner comme une clinique privée», indique un responsable de la santé. Conséquence : mis à part durant la période des vacances scolaires de printemps, les malades se font de moins en moins nombreux. Ils attendent que les soins deviennent gratuits. «Puisque les soins seront gratuits, pourquoi donc aller se faire soigner maintenant en laissant son argent sur le comptoir ?» s'interroge un des habitants.
L'information concernant la gratuité des soins dans cet hôpital d'ophtalmologie n'est donc pas nouvelle. Elle date de près d'une année. Les responsables de la santé le savaient mais très peu de citoyens en ont été informés. Les responsables cubains le savaient également depuis plusieurs mois et se préparaient pour la passation de consignes, dans la discrétion, bien qu'ils semblent quelque
peu contrariés par cette décision. L'angoisse se lit sur leur visage. «Ils ont peur d'être obligés de retourner dans leur pays. Ils préfèrent plutôt rester ici», affirment deux praticiens de la ville. «Cet hôpital est construit avec l'argent cubain même si la main-d'œuvre est algérienne. Ils le considèrent comme leur bien et veillent d'ailleurs à son entretien. Ce n'est pas facile pour eux de le laisser à d'autres», commentent deux citoyens. Un proche du secteur de la santé affirme que le problème ne se pose pas pour le personnel médical et paramédical mais pour le personnel administratif : «Les médecins et les paramédicaux restent. C'est ce qui est décidé dans l'accord.
D'ailleurs, même si certains décident de partir, d'autres vont venir. En revanche, pour les travailleurs de l'administration, il y a aura des problèmes. Ils seront tous remplacés par des Algériens, à commencer par le directeur. Que deviendront-ils ?» A cette question, le directeur cubain répond par le sourire. Un sourire qui cache mal son désarroi. Louis Curbelo Alfonso affirme même qu'il est «très content» de cette décision car «elle permettra à tous les malades de venir se soigner gratuitement». «Les établissements de santé à Cuba offrent, eux aussi, les soins gratuitement», poursuit-il.
Un partenariat bénéfique
Où va l'argent de cet hôpital (avant qu'il ne soit public) ? demandons-nous. L'argent va à l'Etat cubain et non pas dans les poches des gestionnaires ou des médecins cubains, répond un proche de la santé. Et ce dernier de souligner que «c'est grâce à ses médecins que l'Etat cubain fait rentrer de l'argent. Il n'a pas de pétrole, il n'a pas de tourisme… mais il dispose de médecins qui maîtrisent parfaitement les spécialités médicales, et possède des équipements performants. D'ailleurs, ces missions cubaines n'existent pas seulement en Algérie mais partout dans le monde entier». Un autre rappelle l'embargo imposé à ce pays par les Etats-Unis d'Amérique : «Ce sont les conséquences de l'embargo américain… Cuba n'est pas un pays riche». Pour résumer, l'annonce de la gratuité des soins dans cet hôpital est très bien accueillie par les habitants de Djelfa et ceux des wilayas environnantes. Toutefois, le fait que le ministre tarde à s'y rendre pour en faire l'annonce officielle ne les rassure pas. «On l'attend depuis des mois…» s'inquiètent des citoyens au fait du changement prévu. D'autres craignent que ce soient seulement des promesses. l'autre problème posé par des citoyens concerne le devenir de cet hôpital une fois la gestion confiée aux Algériens : «Pensez-vous que cet hôpital restera aussi propre et bien organisé ? Les prestations de service seront-elles d'aussi bonne qualité ?» Et d'autres de s'inquiéter : «Avec la gratuité des soins, les malades seront de plus en plus nombreux et il y aura une charge de travail assez lourde sur le personnel médical, paramédical et autres.
Ça va ressembler à tous les autres établissements publics du pays.» D'autres citoyens s'interrogent sur le non-recrutement d'ophtalmologues algériens : «Pourquoi ne pas recruter des ophtalmologues algériens pour travailler en collaboration avec les Cubains et permettre ainsi la transmission du savoir-faire dans le domaine ?» En effet, si l'on en croit les déclarations de quelques proches du domaine de la santé, dans la wilaya de Djelfa, l'Algérie manque d'ophtalmologues de qualité, contrairement à Cuba qui en
dispose en grand nombre. Par ailleurs, devrions-nous le souligner, la présence des Cubains en Algérie ne concerne pas seulement le domaine de l'ophtalmologie mais aussi la néonatalogie. Les Cubains semblent très forts dans ce domaine et accordent une grande importance aux questions liées à la grossesse et au traitement des nouveau-nés. Leur contribution dans ce qui est appelé en Algérie, programme «mère/enfant» donne de très bons résultats à Djelfa : un seul décès en 2009 concernant les femmes enceintes, soit un taux de mortalité maternelle de 0,01 pour 100 000. Il était de 58 pour 100 000 en 2008. «Nous étions les premiers en Algérie en 2009», affirme fièrement Khaled Chibane, le directeur de la santé et de la population de la wilaya. Quant au taux de mortalité infantile, ce dernier était de 19% en 2009 et de 32% en 2008. La moyenne nationale est de 29%.
C'est le résultat des efforts déployés par les responsables de la santé dans cette wilaya. Une wilaya qui commence, d'ailleurs, à connaître un développement remarquable dans tous les domaines (santé, enseignement supérieur, bâtiment…). C'est aussi le résultat de la collaboration soutenue avec les Cubains.
En effet, témoignent des femmes et des sages-femmes de cette région, les spécialistes cubaines en néonatalogie travaillent au niveau de l'Etablissement public hospitalier (EPH) de Djelfa et sont aussi présentes dans les polycliniques de la wilaya.
Très souvent, quand il y a urgence, elles se rendent immédiatement au lieu désigné, à bord d'une ambulance médicalisée, prenant avec elles des couveuses portables et prodiguent les soins nécessaires au bébé et à sa mère. Avec l'aide des médecins, des sages-femmes et des paramédicaux algériens, elles parlent aux femmes de leur grossesse et leur donnent des conseils pour un accouchement sans difficulté. Elles font de la sensibilisation et assistent les mères dans l'allaitement de leurs bébés.


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