Les habitants des zones rurales de la wilaya de Naama se montrent plus que jamais attachés à la sauvegarde des danses populaires connues dans la région, notamment celle que l'on nomme «hidous», la plus illustrative du folklore local. Cette danse, que l'on retrouve souvent à l'occasion des fêtes familiales, est appelée «hadhrat el hidous», expression d'origine amazighe et qui signifie des rondes de danses homogènes avec un accompagnement musical composé de couplets de chants populaires. Dans les régions rurales de Aïn Sefra, ce genre est présenté comme étant une danse qu'interprètent des danseurs, en ronde ou en ligne, ouverte même aux badauds à condition que chaque candidat ait la capacité physique et artistique d'effectuer des mouvements de corps fort rythmés et ne fausse pas l'harmonie du groupe. Ce type de chorégraphie traditionnelle est exécuté surtout par les habitants des ksour des oasis (Tiout, Aïn Sefra, Moghrar…) de l'ouest de l'Atlas saharien, notamment dans les zones frontalières, à l'occasion des fêtes de mariage. Selon un spécialiste des arts folkloriques et de la culture locale, Ali Nabti, cette danse populaire est également réputée au Maroc, du moins dans les zones proches des frontières avec l'Algérie, mais aussi dans certaines wilayas du sud d'Oran, et plus loin, en Kabylie et dans les Aurès mais avec des différences de style marquées. Des groupes de danse folklorique s'enorgueillissent que le «hidous» soit ancré, depuis des siècles, dans cette région comme source de divertissement et de célébration. Les représentations attirent des centaines de passionnés admiratifs de véritables tableaux d'art, de poèmes et de chants traditionnels truffés d'expressions séculaires, d'adages, de maximes et d'aphorismes. Un habitant de la localité frontalière de Ghallaba, M. Behilil, 44 ans, informe, pour sa part, que la danse «hidous» est répandue également parmi les tribus locales, telles les «Amour» et les «Hamiane» où femmes et hommes entonnent des qaçidate inspirées du terroir. Selon ce connaisseur, une cérémonie de mariage dans n'importe quelle localité de la région ne peut se concevoir sans ces fameuses chaînes de danse «hidous» formées d'hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes, généralement vêtus d'habits traditionnels comme, pour les hommes, la gandoura, le turban et la nécessaire ceinture ronde de couleur noire pour l'harmonie des mouvements corporels. Les femmes, elles, portent, comme signes distinctifs, un voile très ample de différents coloris, un foulard et une ceinture pour la finesse et la grâce du geste. A l'aide d'un tambour et d'un tambourin, «symboles de la rigueur et de la virilité», les chants interprétés lors du «hidous» expriment d'abord l'attachement du Bédouin à sa tribu, à sa terre et à son bétail. Selon les traditions et croyances locales, ils traduisent certaines valeurs sociales et spirituelles telles que l'hospitalité que l'on doit aux enfants de retour au pays, le respect dû à tous les saints, l'honneur des parents, et renvoient à la cavalerie, au baroud et, enfin, à l'amour de la patrie et à la défense de ses idéaux. D'une valeur culturelle et esthétique inégalable, ce patrimoine populaire se révèle être un véritable chef-d'œuvre du folklore national mais qui, hélas, a tendance à disparaître faute d'efforts suffisants pour son sauvetage par, entre autres, la création de groupes musicaux capables de reproduire les textes poétiques et de former les danseurs de l'indispensable relève, regrettent les amoureux de cet art ancestral. APS