Photo : Riad Par Hasna Yacoub à la lumière des résultats enregistrés après l'engagement des Etats du Sahel à œuvrer au sein d'une stratégie commune de lutte contre le terrorisme, les représentants de ces pays multiplient les rencontres. Ainsi, après la conférence des ministres des Affaires étrangères de l'Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, tenue à Alger le 16 mars dernier, celle des chefs d'état-major se tient aujourd'hui, également à Alger. Ces derniers procéderont à un échange d'analyses et d'informations sur la situation sécuritaire et sur l'évolution de la lutte antiterroriste dans chacun des pays et sa projection sur l'environnement régional. La réunion permettra aux différentes parties d'entrevoir les voies et moyens susceptibles de mettre en place une stratégie collective et co-responsable de lutte contre le terrorisme et le crime transnational. Il faut dire que si les sept pays de la région sahélo-saharienne ont affiché depuis plus d'une année leur ferme détermination à éradiquer le phénomène du terrorisme et ses corollaires tels que le banditisme et le trafic d'armes, il n'en demeure pas moins que ce «pacte» est resté au stade de vœu pieux. Car, il est incompréhensible qu'à peine quelques temps après la mise en œuvre d'une stratégie commune, certains pays ont choisi de se plier aux exigences des terroristes. A l'exemple du Mali qui a libéré quatre terroristes en échange d'un otage français. La décision malienne est un précédent grave qui ouvre la brèche aux terroristes et à tous les bandits de procéder à des prises d'otages et exiger la libération de leurs acolytes ou encore amasser des sommes colossales qui leur serviraient à se redéployer. Donc, en plus de cette attitude «inamicale» vis-à-vis de l'Algérie -comme l'a qualifiée le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci- il faut préciser qu'il s'agit-là d'un reniement par le Mali de ses engagements et des conventions le liant à l'Algérie et de la résolution 1904 du Conseil de sécurité des Nations unies qui interdit et criminalise le payement de rançon. Faut-il rappeler que, dans cette affaire, c'est la France qui a réussi à soudoyer le gouvernement malien, lequel a fini par libérer les quatre terroristes comme l'a exigé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Mais malgré ce forcing de la France, l'attitude de Bamako démontre le double langage de ce pays quant à la lutte antiterroriste et mine tous les efforts de lutte dans la région sahélo-saharienne. Reste à savoir aujourd'hui si tous les pays respectent leurs engagements alors que la coopération dans la lutte antiterroriste passe à une étape supérieure et concrète. Il faut souligner que l'enjeu de la région sahélo-saharienne est l'un des plus importants sur la carte géopolitique internationale et que les frontières de l'Algérie avec les pays du Sahel n'intéressent pas uniquement les Etats des deux rives mais elles sont la convoitise de plusieurs autres forces internationales, de l'AQMI et des contrebandiers. Les terroristes et les contrebandiers ont très vite saisi l'importance de cette région : une ceinture aride située entre le désert du Sahara, au nord, et les régions tropicales, au sud, qui est très difficilement contrôlable en raison de son immensité -plus de 5 millions de km2- et de son relief. Raison pour laquelle ils l'ont adoptée comme base arrière pour se régénérer. L'histoire du terrorisme dans la région sahélienne a déjà démontré la perméabilité des frontières et la facilité avec laquelle les terroristes se déplacent entre les pays de cette région ainsi que la réalité des transactions qui se déroulent entre terroristes, contrebandiers et trafiquants de drogue. Ce qui oblige inéluctablement ces pays à une lutte commune pour venir à bout de ce fléau.