Le gouvernement thaïlandais a accusé l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra d'orchestrer le mouvement des «chemises rouges», ces manifestants qui occupaient toujours deux quartiers de Bangkok après les violences du week-end. Dans des accusations d'une rare intensité, le ministre des Affaires étrangères Kasit Piromya a qualifié Thaksin de «terroriste sanguinaire». Il l'a accusé d'être «l'instigateur des violences» qui ont fait 21 morts, dont 17 civils, et plus de 860 blessés, samedi dernier dans la capitale. Ces affrontements entre soldats et manifestants sont les plus meurtriers qu'ait connus la Thaïlande depuis 18 ans. Pour Kasit, l'homme d'affaires reconverti dans la politique finance en sous-main les «chemises rouges» à hauteur «d'environ 100 millions de bahts par jour» (environ trois millions de dollars). «Il ne fait pas de doute que Thaksin est l'un des leaders» des manifestants et «soutient les activités pour faire tomber le pouvoir», a renchéri Panitan Wattanayagorn, porte-parole du gouvernement. Agé de 60 ans, Thaksin a dirigé la Thaïlande de 2001 à 2006 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire. Depuis son exil, en 2008, il reste vénéré des paysans du Nord et du Nord-Est, la base des «chemises rouges», qui le considèrent comme le seul homme politique à s'être jamais préoccupé de leur sort. Après avoir communiqué tous les soirs par vidéoconférence avec ses partisans, il est resté relativement silencieux depuis deux semaines, se contentant d'envoyer quelques messages de soutien, notamment sur «twitter». En public, les «rouges» se sont montrés soucieux de prendre leurs distances vis-à-vis de Thaksin pour montrer combien leur combat est avant tout celui pour une société plus juste, et non une opération au service d'un homme.