Un mandat d'arrêt a été émis mardi contre l'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra accusé de terrorisme par la justice pour les manifestations qui ont bloqué le centre de Bangkok pendant deux mois. Thaksin, qui a été renversé par un putsch en 2006 et s'est ensuite enfui à l'étranger pour des faits de corruption, a été accusé par le gouvernement d'être derrière le mouvement des "Chemises rouges", qui a pris fin la semaine dernière. S'il est reconnu coupable de ces accusations, il risque la peine de mort. Peu après l'annonce de la décision de la Cour criminelle, l'avocat de l'ancien Premier ministre, Robert Amsterdam, basé à Londres, a accusé le gouvernement d'avoir "perverti la justice à travers une accusation qui transgresse la logique, la loi et toute revendication d'un espoir de réconciliation". Au moins 88 personnes, pour la plupart des "Chemises rouges", sont mortes dans les troubles liés aux violences. Thaksin Shinawatra est considéré comme un héros par de nombreux manifestants, originaires pour la plupart des campagnes pauvres du nord du pays. Il avait été inculpé de corruption et abus de pouvoir pendant son mandat de 2001 à 2006 et vit en exil à Dubaï. Le gouvernement a décidé mardi que Bangkok, qui compte dix millions d'habitants, et près d'un tiers des provinces de Thaïlande resteront sous couvre-feu pour quatre jours supplémentaires par précaution, afin d'éviter de nouveaux troubles. Le ministre des Affaires étrangères, Kasit Piromya, a déclaré pour sa part que le gouvernement travaillerait avec Interpol pour arrêter Thaksin. Par ailleurs, le dernier dirigeant des "Chemises rouges" qui n'était pas encore en détention, ou n'avait pas été encore interrogé, a accepté de se présenter à la police mardi. Avant d'être interrogé par les enquêteurs, Jatuporn Prompan a affirmé que le gouvernement avait réagi de façon excessive par rapport aux manifestations. Il s'est présenté volontairement parce qu'il bénéficie d'une immunité en tant que membre du Parlement. "Ce qui fait mal, c'est que les 70 à 80 'Chemises rouges' qui sont morts étaient accusés d'être terroristes, même quand ils n'avaient pas d'armes dans les mains", a-t-il dit. "Aujourd'hui, la société thaïlandaise doit penser prudemment à qui sont les terroristes", a-t-il ajouté. L'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a quitté la France dimanche et affirmé aux autorités qu'il ne comptait pas y revenir, alors qu'il devait rencontrer des journalistes à Paris lundi prochain, a déclaré mardi le ministère des Affaires étrangères. "M. Thaksin a quitté la France à ma connaissance (...) dimanche", a dit le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, interrogé lors du point de presse. "Il nous a dit qu'il ne reviendrait pas", a-t-il ajouté. "La semaine dernière, nous l'avons contacté pendant le séjour privé qu'il effectuait (...) en France et nous lui avons dit de s'abstenir de toute déclaration ou manifestation publiques" durant ce séjour, a rappelé M. Valero. "Il nous a assuré qu'il donnerait suite aux demandes" de la France. Le Center of Political and Foreign Affairs (CPFA), un institut de réflexion sur la politique internationale dirigé par l'homme d'affaires Fabien Baussart, a cependant affirmé à l'Associated Press mardi matin que la participation de M. Thaksin à un dîner-débat lundi à Paris était maintenue.