Les «chemises rouges» thaïlandaises ont décidé hier de renforcer leur occupation d'un important quartier commercial de Bangkok d'où elles espèrent lancer «l'offensive finale» pour obtenir le départ du Premier ministre et la tenue de nouvelles élections. Les manifestants vont se rassembler sur un seul site au lieu de deux alors que la situation politique reste bloquée, plus d'un mois après le début de cette énième crise politique qui fait fuir les touristes. «Nous organisons notre mouvement pour lutter. Nous espérons que cela marquera la dernière étape [de la confrontation] entre nous et le gouvernement», a expliqué un leader «rouge», Nattawut Saikuar. «Il est possible que le gouvernement essaie de nouveau de nous disperser dans les deux prochains jours», a-t-il prévenu. L'armée avait tenté en vain samedi dernier de déloger les dizaines de milliers de manifestants occupant le quartier de Phan Faï, dans la vieille ville. Cette intervention avait dégénéré en violents affrontements, les pires en près de 20 ans dans le royaume, qui ont fait 22 morts et plus de 850 blessés, selon un nouveau bilan établi hier. Cette stratégie d'occupation pacifique rappelle le blocage des deux aéroports de Bangkok, engagé pendant neuf jours fin 2008 par les «chemises jaunes», un mouvement royaliste viscéralement opposé à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, dont les alliés dirigeaient alors le gouvernement. Ce blocus avait contribué à un renversement de majorité et à l'arrivée au pouvoir d'Abhisit Vejjajiva qui avait su tirer profit de l'agitation «jaune». Seize mois plus tard, le Premier ministre, contraint de vivre dans une caserne militaire ces dernières semaines, semble acculé.