Thagaste (Souk Ahras), Thevest (Tébessa), Kartennas (Ténès), Iol (Cherchell), Hippone (Annaba), Icosium (Alger), Cirta (Constantine), Tihert (Tiaret), Iharen (Oran)… La quasi-totalité des villes du Nord algérien, qu'elles soient côtières ou à l'intérieur des terres, ont leur nom antique et parfois même plusieurs : berbère, phénicien, punique, romain, français, musulman. Ces noms ont été donnés, évidemment, par les constructeurs de ces villes et les occupants qui s'y sont succédé. Et tout ce beau monde a, tout aussi évidemment, laissé trace de son passage, qui une ville, qui un monument funéraire, une muraille, une route pavée, un port, une mosquée, un palais… Les villes du Sud ne sont pas en reste. Ksour, foggaras, peintures et gravures rupestres, abris sous roche, forêts silicifiées, artefacts, debni et tumulus funéraires sont autant de témoins des activités, coutumes, croyances et modes de vie des populations qui ont vécu dans ces contrées depuis l'âge de la pierre. A ces vestiges archéologiques et historiques matériels s'ajoute tout un patrimoine intangible qui identifie la région et ses habitants. Ces résurgences du très lointain passé sont une invite à la découverte pour l'homme moderne, et la réponse à cette invite est garantie pour qui sait la formuler et la présenter. Les professionnels du tourisme l'ont bien compris, et depuis longtemps déjà. Le patrimoine a été exploité comme produit touristique bien avant qu'on ait inventé le concept de «tourisme culturel». Les circuits touristiques établis par les voyagistes ont depuis toujours intégré la visite de monuments, de vieilles villes, de quartiers historiques, de stations archéologiques et autres vestiges patrimoniaux. Hôtels, refuges, auberges ou camps sont construits in situ pour offrir aux visiteurs de bonnes conditions de séjour sur le site, qui est sécurisé, car la sécurité est la première chose qu'un touriste exigera. Des guides sont formés pour accompagner les touristes et leur présenter l'histoire du site visité. Et le tourisme culturel fut, avec toutes ses retombées économiques et socio-économiques pour les pays qui ont su le développer. L'Algérie a le produit, et d'une valeur que lui envieraient de nombreux pays où le tourisme culturel est florissant, mais pas son écrin de présentation. Quelle ville algérienne peut se prévaloir d'avoir un circuit touristique culturel, avec toutes les conditions énumérées précédemment ? Quel wali, chef de daïra ou président d'APC s'est distingué en exploitant toutes les richesses patrimoniales que recèlent sa ville et sa région pour en faire une destination touristique et, par conséquent, une ressource financière et un réservoir d'emplois ? Que des autorités locales, avec le pouvoir qu'elles ont et tous les moyens matériels, humains et financiers en leur possession, confient les invités d'une conférence internationale à une association pour leur faire découvrir le patrimoine de la ville est en soi révélateur de la place qui est accordée au tourisme culturel. Car, si l'association a pris en charge l'organisation et l'encadrement de la balade des hôtes de la ville, c'est certainement parce que les organisateurs de la manifestation ont compris qu'elle était mieux «outillée» que l'administration. H. G.