La cérémonie a permis aux nombreux présents de témoigner chaleureusement pour cette doyenne des artistes femmes algériennes. Une cérémonie a été organisée vendredi à Alger en hommage à l'artiste Cheikha Tetma par l'Office national de la culture et de l'information (Onci) et l'association culturelle Machahir Echabab. Animée par plusieurs artistes, qui ont gratifié le public d'un programme musical riche en couleur et en rythme, la cérémonie a permis aux nombreux présents de témoigner chaleureusement pour cette doyenne des artistes femmes algériennes, «qui a lutté pour l'émancipation de la femme dans la société conservatrice de l'époque», ont-ils dit. La nièce de cette artiste de talent, Mme Salima Bentabet, a indiqué que Cheikha Tetma a joué un rôle important dans l'enrichissement du répertoire de la musique hawfi à Tlemcen, connue pour sa richesse artistique. De son côté, le président de l'association Machahir Echabab, M.Fateh Bensmaïl, a souligné que cette cérémonie, la première du genre pour l'artiste, s'inscrit dans le cadre des hommages rendus par l'association aux artistes, toutes disciplines confondues, en reconnaissance pour leur apport dans l'enrichissement du patrimoine culturel algérien. Une exposition évoquant la carrière et les passions de l'artiste Cheikha Tetma ainsi que ses tenues vestimentaires traditionnelles a été organisée à cette occasion. Née en 1891 à Tlemcen, Cheikha Tetma habitait le quartier populaire de Sidi Djebbar où elle apprit les rudiments de la langue arabe. Avec l'orchestre féminin El Fouarat, elle participa à des soirées artistiques familiales, avant de côtoyer les grands chantres de la musique hawzi, notamment cheikh Larbi Bensari, le poète Moulay Briss Medeghri et Cheikh Mohamed Dib. Son don inné pour la musique, ne lui a cependant pas attiré que des satisfactions, puisqu'elle fit l'objet de critiques de la part de ses proches et du milieu artistique qui l'ont contrainte à quitter son pays en 1914. Dans l'exil, l'artiste renforça son répertoire artistique par d'autres genres musicaux dont el m'dih et el hawfi, une forme de poésie féminine, parallèlement au hawzi, avant de revenir en Algérie où elle a pu enregistrer près d'une soixantaine de chansons écrites par les poètes El Mendassi, Bensahla et Bentriki. Cheikha Tetma a également chanté en duo avec l'artiste Abdelkrim Dali à Alger où elle vécut plusieurs années avant de rejoindre Tlemcen où elle mourut le 22 avril 1962 à l'âge de 71 ans.