Le diabète gestationnel apparaît lors de la grossesse et disparaît généralement après l'accouchement. Mais la maman reste prédisposée à cette maladie si elle ne surveille pas son alimentation et si elle consomme beaucoup de sucre. Les statistiques montrent l'ampleur de ce phénomène. Il concerne 2 à 5% de toutes les grossesses. C'est dire que le diabète gestationnel est un problème sérieux qui ne doit nullement être pris à la légère. En Algérie, le problème se pose avec acuité d'autant plus qu'il y a un manque criant de campagnes sur le sujet. Le professeur Belhadj, chef du service médecine interne au CHU d'Oran met le doigt sur le diabète gestationnel estimant que, chaque année, dix millions de femmes développent un diabète gestationnel dans le monde. Ce qui est énorme et interpelle sur la nécessité de lancer des programmes de sensibilisation. Il affirme que la malnutrition maternelle, notamment la sous-alimentation, est un facteur de risque important particulièrement dans les pays en voie de développement. Selon lui, les maisons de diabétiques, il en existe 48 à travers le pays, ont un rôle prépondérant dans la diffusion de l'information sur tout ce qui a trait au diabète, ses facteurs de risque et ses nombreuses complications. A Bouzaréah, la maison des diabétiques (elle dépend de l'EPSP géré par le docteur Fakhar) est très active. Le docteur Mohamed Karim Hammoudi, médecin chef et coordinateur, indique que plus de 5 000 diabétiques sont recensés à travers la commune de Bouzaréah. Il explique qu'il y a tout un programme et des journées d'information sont initiées au niveau de cette structure tout au long de l'année sur le diabète, notamment le diabète gestationnel. «De même, précise-t-il, nous organisons des journées portes ouvertes sur cette maladie et des dépistages à l'occasion de la Journée mondiale sur le diabète. Nous disposons en tout de six médecins généralistes formés sur le diabète, d'un endocrinologue et d'un diététicien, qui organisent de façon périodique des rencontres avec les malades». Et d'ajouter : «Chaque médecin a son groupe de patients qu'il suit régulièrement et initie des séances d'éducation sanitaire.» Il dira qu'il est primordial que toutes les femmes enceintes soient surveillées. «Sous l'effet des changements hormonaux, le fonctionnement du pancréas peut devenir insuffisant chez la femme enceinte et elle peut ainsi être touchée par ce qu'on appelle le diabète gestationnel», dit-il, ajoutant que, souvent, les femmes enceintes ne sont pas très informées sur le diabète gestationnel. «Certaines femmes sont plus exposées au diabète gestationnel que d'autres», dit-il. Parmi les facteurs de risque à ne pas négliger, le fait d'avoir des personnes diabétiques dans la famille, un poids nettement supérieur à la normale, un âge supérieur à 35 ans. Le bébé peut subir les conséquences du diabète gestationnel (prise de poids, hypoglycémie, jaunisse ou encore détresse respiratoire). Le docteur Hammoudi estime que le diabète gestationnel est une importante question de santé qui mériterait plus d'attention. D'autant, dit-il, que «ce phénomène entraîne un risque d'hypertension artérielle et d'infection urinaire pour la femme enceinte». Il regrette qu'il n'y ait pas d'étude en Algérie sur le sujet. Il déplore le fait que «beaucoup de femmes se rapprochent de la maison de diabétique de Bouzaréah lors de la grossesse et ne reviennent plus après leur accouchement». Insistant sur l'apport de la sensibilisation pour pallier le risque de cette maladie chronique et du diabète gestationnel, le Dr Hammoudi fait part d'actions de sensibilisation au niveau de la commune de Bouzaréah. «Nous essayons d'informer le maximum de monde sur les campagnes de dépistage, à travers des affiches dans les mosquées, les écoles et les lieux publics». Très peu de femmes font attention au risque de diabète gestationnel. Celui-ci, préviennent les spécialistes, est principalement lié à une prise de poids trop importante durant la grossesse. D'où la nécessité d'une alimentation équilibrée mais pauvre en graisses, avec des glucides complexes et des fibres alimentaires à chaque repas, en évitant le sucre (boissons sucrées, jus de fruits et autres sodas). Il est également préconisé de faire au moins trente minutes de marche quotidienne, ce qui peut s'avérer particulièrement bénéfique. Actuellement, le dépistage du diabète gestationnel est insuffisant. En effet, les femmes enceintes subissent un test mensuel de détection du sucre dans les urines, mais les spécialistes estiment que ce test ne permet pas de détecter le diabète gestationnel. Seules deux méthodes permettent de mesurer le taux des glycémies : un test de la charge en glucose spécifique à la grossesse ou une prise de sang réalisée après l'absorption de sucre. D'où l'intérêt primordial de la prévention ! A. B.