Cette victoire ne satisfait pas les Algériens qui ont dominé la situation. Dans le camp sierra-léonais, on est plutôt satisfait. «Faute de grives, on mange des merles», dit le proverbe. En l'absence d'une victoire tant attendue par l'équipe adverse, la Sierra Leone doit se contenter d'un calmant, en quelque sorte, après des années de disette. L'impression qu'on a retenue, à l'issue de ce match, est que l'équipe algérienne continue de balbutier et de tâtonner aussi bien au niveau des joueurs alignés et des postes qu'à celui du dispositif de jeu et des schémas tactiques adoptés. En effet, le compartiment défensif, constitué de deux latéraux, d'un duo axial et d'un pivot-récupérateur, n'a pas toujours été en harmonie, en raison de la petite forme du latéral Amokrane et de l'axial Belkadi, mais aussi des sorties hasardeuses de Rabhi et Khida. A maintes reprises, ils ont dû renvoyer la balle au gardien Merzougui pour tempérer le pressing adverse ou pour geler le jeu, avec le risque de le mettre en mauvaise posture avant de pouvoir dégager en catastrophe. Le rôle essentiel d'un défenseur, c'est de neutraliser les essais adverses, de servir la ligne médiane, qui doit, à son tour, progresser rapidement avec le ballon, construire le jeu ou amorcer une relance rapide et bien servir la ligne avant qui doit rester sur la brèche et guetter la moindre occasion de but. Ces options n'ont pas toujours été bien appliquées par les protégés de Othmane Ibrir puisqu'ils se sont contentés de balancer de longs centres aériens dans la mêlée au lieu de maîtriser le jeu, courant dans tous les sens, gaspillant ainsi leur énergie. Quant à Chehaima, il s'oubliait dans la zone adverse, laissant un trou béant. Même les avants n'étaient pas mieux lotis puisqu'ils péchèrent aussi par leurs lents mouvements, leur jeu approximatif et leur précipitation au moment de la concrétisation. Même les propos conciliants et apaisants du coach algérien à l'issue de la rencontre ne peuvent pas tranquilliser : «Nous avons dominé la majeure partie du match et créé de nombreuses occasions de marquer en raison de notre précipitation. Nous étions tout près de la victoire finale pour nous qualifier, mais dominer n'est pas gagner, surtout quand on persiste à commettre les mêmes erreurs de positionnement, de couverture et de soutien. Toujours est-il que nous allons encore travailler et qu'il est possible d'améliorer le rendement lors des matches à venir.» Dans le camp des visiteurs, en dépit de la défaillance des deux fers de lance, Kamara Ousmane et Musa Sessam, le onze aligné a fait preuve de beaucoup de détermination et de combativité. Les protégés de Aliniamy Turay se sont battus avec courage dans leur compartiment défensif et ont même prêté main-forte à leurs équipiers en attaque après le but de la 2e minute, marqué par Kadri, bien servi par Chehaima. Ils étaient les premiers sur la balle, notamment en phase offensive. Du côté algérien, Belaldjia et Kadri ont tout fait pour perturber la sérénité des défenseurs adverses et menacer sérieusement le gardien Bah Abdulai. Néanmoins, ce qu'on pouvait reprocher à nos joueurs, c'est d'avoir laissé les locaux prendre l'initiative du jeu juste après le but, au lieu de prendre les devants, d'asseoir leur propre jeu et de surprendre leurs vis-à-vis. De l'avis de tous, les Algériens ont cherché à annihiler les velléités offensives adverses et à revenir dans le match plutôt qu'à imposer leur style et à élever le rythme de jeu. Quant aux Sierra-Léonais, ils ont dû certainement composer avec les moyens du bord et bénéficier d'un concours de circonstance favorables pour éviter les dégâts et rentrer avec une qualification précieuse. C'est l'avis du coach qui reconnaît sans ambages : «Nous avions eu de la chance quand un attaquant algérien rata le K.-O. et un troisième but tout fait. Nous sommes heureux de la qualification. C'est toujours bon pour le moral et pour entretenir l'espoir.» Y. B.