Photo : Riad Entretien réalisé par Badiaa Amarni LA TRIBUNE : Quelle est la situation du marché arabe en termes de production agricole et quels sont les problèmes rencontrés ? Tarek Benmoussa Ezzadjali : Le marché arabe souffre d'un déficit en matière de céréales, d'huile, et de sucre. Le plus grand déficit concerne les céréales, bien sûr, un produit également importé en grandes quantités. La production est estimée à environ 25 millions de tonnes, ce qui couvre à peine 50 à 60% des besoins des populations. Le déficit est donc évalué à 50%. Il y a actuellement des projets dans certains pays arabes, et nous espérons voir dans les années à venir l'augmentation de la production céréalière.L'huile n'est pas en reste puisque les quantités produites ne couvrent que 30%. La même chose aussi pour le sucre. Le déficit, l'année dernière, en matière de produits alimentaires était de l'ordre de 28 milliards de dollars. Comment parvenir à la sécurité alimentaire dans le monde arabe ? Cet objectif ne saurait être atteint sans l'investissement des capitaux dans le secteur de l'agriculture. C'est là la solution, en plus de l'encouragement de l'investissement privé, et du travail dans un esprit de complémentarité des pays arabes. On ne peut atteindre la sécurité alimentaire durable dans les pays arabes sans cette complémentarité justement. Je lance un appel à tous les capitaux arabes à investir le secteur agricole pour assurer la stabilité, créer des postes d'emploi et, par là même, de la richesse. Il ne faut surtout pas continuer de négliger ce secteur si l'on veut éviter l'exode rural et l'augmentation du nombre de pauvres dans les grandes villes et les campagnes. A combien estimez-vous les investissements arabes dans le secteur agricole ? Actuellement, nous ne disposons pas de statistiques exactes, mais beaucoup d'efforts sont consentis. Je peux citer pour l'heure, le grand projet qatari implanté au Soudan… Vous avez évoqué la stratégie arabe dans le domaine agricole. Qu'en est-il ? Cette stratégie repose sur sept projets principaux, dont chacun est doté de programmes secondaires. Nous essayons de mettre à exécution cette stratégie en coopération avec les pays arabes, dans l'objectif d'atteindre un développement durable. C'est un programme énorme qui vise la complémentarité dans le secteur agricole et des ressources halieutiques. Qu'en est-il du programme alimentaire arabe ? Notre programme diffère un peu du programme mondial pour l'alimentation. Nous ambitionnons de faire plus que de porter aide et assistance lors des grandes catastrophes. Nous voulons grâce à ce programme faire de la formation, apprendre aux pêcheurs par exemple comment pêcher, transférer les technologies… il s'agit-là d'une idée proposée aux ministres arabes de l'Agriculture et nous souhaitons qu'elle soitadoptée. Si tel est le cas, nous nous attellerons à la mise en place d'un plan d'exécution.