Photo : Riad Par Badiaa Amarni Le monde arabe est doté de potentialités agricoles considérables, un atout pour non seulement réduire la facture alimentaire mais aussi pour faire face à la crise alimentaire qui risque de provoquer la famine dans certains pays de cette région du monde. Eu égard à cette situation, les pays arabes ont pris conscience de l'importance de développer le secteur agricole, car la sécurité alimentaire est devenue, pour eux comme pour le monde entier, une priorité. Dans le cadre de ses activités, l'OADA (Organisation arabe du développement agricole) a inscrit la relance de ce secteur comme l'une de ses priorités pour faire face aux grands défis qui se posent dans le cadre de la mondialisation sous tous ses aspects, notamment économique. Afin de concrétiser cet objectif de la sécurité alimentaire, une complémentarité arabe, en prenant en compte les spécificités de chacun des pays, doit être atteinte, selon les spécialistes, et l'OADA œuvre justement dans ce sens. Un plan d'urgence de la sécurité alimentaire Les richesses et les potentialités dont disposent la majorité des pays arabes ne manquent pas. D'où la nécessité de renforcer davantage les investissements dans l'agriculture pour prétendre réaliser une production et des taux de rendement élevés. Renforcer la coopération arabe dans ce domaine devient une exigence de l'heure pour que la sécurité alimentaire ne soit pas une simple utopie. Un projet de programme d'urgence de la sécurité alimentaire dans le monde arabe est mis en place et accentue l'intérêt sur les productions agricoles principales telles que les céréalicultures (blé, orge), les récoltes en sucre (canne à sucre), et les semences oléagineuses (arachides, grains de sésame et tournesol) qui connaissent un déficit. Ce projet regroupe neuf pays arabes, entre autres, la Tunisie, l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Soudan, la Syrie, l'Irak, l'Egypte, et le Yémen. Sa mise en œuvre sera réalisée en trois étapes. La première sera effectuée en urgence et à court terme de 2010 à 2015. La deuxième étape de développement se déroulera à moyen terme jusqu'à 2020, et la troisième étape, stratégique, sera mise en œuvre à long terme jusqu'à 2030.Ce projet a pour but de développer toute la superficie irriguée d'environ 25% des cultures pluviales, durant 10 années et ensuite d'investir des surfaces supplémentaires pour ces mêmes cultures sur une superficie de 2,09 millions d'hectares en 2030. Un programme d'un montant global de 25 milliards de dollars Ce projet doit être financé par les pays arabes pour un montant global estimé à 25 milliards de dollars pour couvrir les exigences de la première étape durant 5 ans, qui est estimée à 18,2 milliards de dollars. Pour mobiliser cette somme, ce même projet présente trois alternatives dans un cadre constitutionnel. Il s'agit, entre autres, de la création d'un fonds arabe spécialisé pour le développement agricole et la sécurité alimentaire et d'une subvention du capital du Fonds arabe de développement économique et social (FADES).Les objectifs assignés à ce projet sont l'augmentation de la capacité des pays arabes concernés pour subvenir à leurs besoins en produits alimentaires nécessaires (céréales, sucres, huiles), pour la concrétisation de la stabilité de la production de ces produits, alléger la hausse continue de la facture des importations de ces produits ainsi que le renforcement de l'investissement des projets liés à l'amélioration de la sécurité alimentaire, créer des opportunités d'investissement économique pour les entreprises et les hommes d'affaires du secteur privé qui exercent des activités agricoles directes, et préserver la stabilité politique et sociale dans les sociétés arabes par la réalisation de la stabilité alimentaire pour toute la population et à des prix abordables.L'un des résultats attendus de la mise en œuvre de ce programme est l'augmentation de la production des récoltes des produits alimentaires. A titre illustratif, la valeur nette d'augmentation en production de blé est estimée à environ 3,4 millions de tonnes en 2015 et s'élèvera de 12,3 millions de tonnes en 2020 à 20,4 millions de tonnes en 2030. Pour le blé dur, la production augmentera respectivement à 0,5 millions de tonnes, 1,7 millions de tonnes, et à 3,2 millions de tonnes pour les trois étapes du projet. Il en sera de même pour les récoltes de canne à sucre dont l'augmentation nette en production de sucre sera de 4,6 millions de tonnes en 2015, de 15,6 millions de tonnes en 2020 et de 26,1 millions de tonnes en 2030. Il est prévu l'augmentation de la production des semences oléagineuses jusqu'à 26,1 millions de tonnes en 2030.Les ambitions sont grandes, pourvu que les pays arabes travaillent de concert pour éviter l'indépendance vis-à-vis de l'étranger.