Photo : Riad Entretien réalisé par Badiaa Amarni LA TRIBUNE : Quelle évaluation peut-on faire aujourd'hui du secteur de la métallurgie et de la sidérurgie en Algérie et dans le monde arabe ? Mohamed El Aid El Achkar : Actuellement, la capacité algérienne installée dans le domaine de la sidérurgie et de la métallurgie est de 2 millions de tonnes environ. Le produit est de bonne qualité et répond aux normes internationales. Notre souhait est de voir l'Algérie atteindre le niveau des pays arabes les plus avancés ou qui ont un niveau international et de la voir dépasser les capacités actuelles. C'est-à-dire avoir une capacité entre 15 millions et 20 millions de tonnes. Il faut savoir que la demande est très importante et la consommation aussi. Dans les années 70, l'Algérie était le fleuron de l'industrie métallurgique et sidérurgique. Qu'est-ce qui a entraîné, selon vous, ce net recul ? Il y a eu d'abord le ralentissement en Algérie des investissements, ensuite le complexe d'El Hadjar ne pouvait plus faire face à la demande du fait de la vétusté des équipements et du manque d'investissements. Avec l'arrivée d'Arcelor Mittal, nous nous attendions à un investissement très important surtout du point de vue renouvellement des équipements, transfert de technologie et adaptation de la sidérurgie aux données nouvelles. Quel a donc été le résultat ? On peut dire que l'Algérie n'a pas avancé tel que nous l'avions espéré sur le plan sidérurgique. Mais, fort heureusement, il y a actuellement des projets à mettre en place. Il s'agit de trois grands projets et notre souhait, c'est de les voir réalisés dans un délai très court. Quel est l'impact de la crise sur cette filière en Algérie et dans le monde arabe ? D'un côté, tout est conditionné par l'offre et la demande. De l'autre, les marchés arabes sont toujours porteurs puisque demandeurs de fer et d'acier, dont le rond à béton. La production dans le monde arabe a augmenté sensiblement. Si on prend comme référence l'année 2007, les statistiques démontrent qu'elle a dépassé 25 millions de tonnes. Ce qui est très important car à la naissance de l'Union arabe du fer et de l'acier la capacité était seulement de 1,5 million de tonnes. Actuellement, la capacité projetée d'ici à l'horizon 2010 est estimée à 30 millions de tonnes alors que la consommation est arrivée en 2007 à 35 millions de tonnes, avec en valeur financière de 32 milliards de dollars. Vous avez dit lors de votre intervention qu'il faut aller vers des groupements d'achat. Pouvez-vous nous donner plus de détails ? C'est une expérience que l'Union arabe du fer et de l'acier a vécue. Nous avons essayé de regrouper les pays arabes qui s'approvisionnent à l'extérieur, notamment les sociétés très importantes d'envergure nationale et internationale et dont la capacité dépasse 5 millions de tonnes. Nous leur avons donc demandé de se regrouper et de se concerter sur les prix d'achat d'autant plus que c'est la même matière première qu'ils importent (les pellettes, le revêtement). Pour faire profiter les sociétés arabes nous avions proposé de faire un groupement d'achat et de se concerter sur le prix. C'est-à-dire avoir un prix unique aussi bien pour ceux qui s'apprisionnent en grandes quantités que ceux qui le font en petites quantités. Vous avez dit que le marché algérien est porteur dans ce domaine et que l'avenir de la sidérurgie et de la métallurgie est aussi prometteur... Oui. Du fait qu'il y a trois grands projets, l'Algérie peut arriver à 10 millions de tonnes environ de production par an, et ça, c'est très important puisque durant les années 60 et 70 elle était leader sur le plan sidérurgique. Mais, depuis, nous n'avons pas avancé car nous sommes restés rattachés à El Hadjar qui était véritablement le fleuron de cette industrie en Algérie. Mais avec les trois grands projets réunis, je suis certain qu'il y aura une grande avancée dans ce domaine.