Selon le directeur général de la FAO, la hausse des prix des produits alimentaires est la sources de graves troubles civils à travers la planète. Le monde est exposé à une des famines les plus tragiques de son histoire. Des centaines de millions de personnes sont menacées du fait de l'aggravation de la crise alimentaire. «Nous avons besoin, non seulement de mesures d'urgence pour faire face à court terme aux besoins immédiats pour éviter la famine dans de nombreuses régions du monde, mais aussi d'une augmentation substantielle de la productivité à long terme de la chaîne céréalière» estime le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Tout en avertissant que la crise pourrait avoir pour conséquence «sept années perdues» dans l'éradication de la faim dans le monde, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellik, a appelé les gouvernements des pays membres à intervenir d'urgence pour éviter que la crise alimentaire n'appauvrisse encore davantage quelque 100 millions de personnes dans le monde. La vice-présidente de la BM pour l'Afrique, Obiageli Ezekwesili, a expliqué que la croissance africaine, 5,4% en moyenne, n'a pas encore atteint le seuil capable de provoquer le déclin de la pauvreté. De ce fait, «tout choc extérieur comme celui de la hausse des prix alimentaires et de l'énergie, est de nature à briser cette trajectoire de croissance» a-t-elle averti. Le rapport sur l'état de l'agriculture dans le monde, présenté mardi à Paris au siège de l'Unesco, est plus que jamais inquiétant. Les rédacteurs de ce document font état de profondes disparités existant entre les pays riches et les pays pauvres. «850 millions de personnes sont victimes de malnutrition et de famine à travers le monde, alors que 700 millions souffrent d'obésité», constatent les auteurs coordinateurs des différents chapitres de ce rapport. Selon ces derniers, à l'horizon 2050, la demande en produits alimentaires et agricoles doublera pour répondre aux besoins d'une population mondiale estimée à 9 milliards. Parallèlement, les prix de ces produits continueront à grimper. Déjà les prix du blé dans le monde ont augmenté de 181% au cours des trente-six mois précédant le mois de février 2008, selon un rapport de la Banque mondiale. «On s'attend à ce que les prix des produits agricoles destinés à l'alimentation restent élevés en 2008 et en 2009 et qu'ils commencent à baisser par la suite. Il est probable qu'ils seront bien supérieurs à ceux de 2004 jusqu'en 2015 pour la plupart de ces produits», indiquent les rédacteurs du rapport. Le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M.Jacques Diouf a indiqué que la hausse des prix des produits alimentaires est la source de graves troubles civils à travers la planète. Il citera, à cet effet, les émeutes constatées en Indonésie, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, au Mozambique, en Bolivie, au Sénégal et en Ouzbékistan. La Banque mondiale souligne, que pas moins de 33 pays risquent de connaître des troubles civils pour les mêmes raisons. En mars, le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations unies), avait demandé aux donateurs, 500 millions de dollars de plus pour pouvoir faire face à l'augmentation considérable des prix des denrées alimentaires et du carburant dans le monde, qui a atteint près de 55% depuis 2007. Jusqu'ici, il n'a reçu que 13%, soit 12,4 millions de dollars, des 96 millions dont il a besoin pour venir en aide à 1,7 million d'Haïtiens. Les observateurs estiment que les pays donateurs cultivent la politique de la carotte et du bâton. D'un côté, ils offrent leur aide aux pays pauvres, de l'autre, ils produisent massivement les biocarburants (à base céréalière et végétale), source principale de la flambée des prix des produits alimentaires. Ainsi, ce qui est donné avec la main droite est aussitôt retiré de la main gauche.