Pour marquer la Journée internationale de la liberté de la presse, le parti du Front de libération nationale a créé un prix pour récompenser les études et écrits traitant de l'histoire de l'Algérie. Le prix, qui montre le nom du martyr et journaliste Mohamed Laïchaoui, a été lancé hier en début d'après-midi par le secrétaire général de cette formation politique, Abdelaziz Belkhadem.A cette occasion, il a abordé, une fois de plus, des questions liées à la mémoire. A commencer par la nouvelle polémique déclenchée outre-mer sur la sortie du film de Rachid Bouchareb, les Hors-la-loi, qui traite des méfaits de la colonisation. «Ils parlent toujours de croisades, eux qui appellent au dialogue des cultures», assène, ironique, Abdelaziz Belkhadem, en référence à la polémique autour du film du réalisateur algérien. Plus que ce film, qui rappelle, selon l'orateur, «leurs méfaits», c'est-à-dire, ceux de la colonisation -illustrés par une lettre de prison de Mohamed Laïchaoui dans laquelle il se plaignait de la torture- le secrétaire général du parti de Front de libération nationale réitère sa légendaire demande. «Ceux qui ont commis des erreurs doivent reconnaître leur faute, demander pardon et consentir des réparations», a-t-il déclaré, tout en soulignant les exactions et autres supplices subis par le peuple algérien. Le lien est donc vite fait entre l'histoire, celle de l'occupation, et celle de la liberté. La liberté de la presse, d'abord, et celle de tous les peuples, ensuite. «Nous œuvrons dans le sens de revoir le code de l'information et de la publicité, que notre parti tient à faire adapter à la conjoncture, à l'éthique de la profession et aux exigences de donner au journaliste ses pleins droits et devoirs, de sorte à parvenir, plus tard, à l'ouverture du champ audiovisuel […]», a affirmé, sous forme de revendication, Abdelaziz Belkhadem dont le parti est membre du gouvernement. Mais le discours et la réalité sont souvent antinomiques. «Nous formulons la demande, mais nous travaillons avec d'autres partenaires», a-t-il répondu à des confrères qui ont soulevé la contradiction. Mieux, Abdelaziz Belkhadem a plaidé, dans son discours, pour «la dépénalisation du délit de presse». Une demande chère aux journalistes algériens, reprise depuis longtemps par des partis politiques, mais jamais aboutie. A noter que cette cérémonie a donné lieu à des rappels historiques des plus émouvants. A l'image d'une brève intervention du professeur Pierre Chaulet qui a rappelé le parcours de Mohamed Laïchaoui, «notre premier journaliste», rappelle-t-il. La famille de ce martyr, l'un de ceux qui ont ronéotypé la déclaration du 1er Novembre à Ighil Imoula, a même remis une lettre envoyée par le Pr Chaulet au journaliste militant, alors qu'il se trouvait à la prison de Tizi Ouzou. A. B.