Quelque 150 pays se retrouvent depuis hier aux Nations unies à New York pour la conférence de suivi du traité de non-prolifération (TNP), dont la journée d'ouverture pourrait tourner au bras de fer entre Mahmoud Ahmadinejad et Hillary Clinton. Les observateurs s'accordent à dire que l'Iran spécialement et l'Egypte se préparent à une confrontation avec les Etats-Unis et leurs alliés sur Israël et le droit par les pays en développement d'acquérir la technologie nucléaire lors de la conférence d'examen du TNP.Ce rendez-vous quinquennal permet, normalement, aux 189 signataires du TNP, en vigueur depuis 1970, de revoir le fonctionnement de cet instrument international visant à réduire les risques de dissémination de la bombe atomique. La présence très attendue du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à l'ouverture de la conférence, programmée jusqu'au 28 mai, annonce d'ores et déjà un bras de fer avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui conduira la délégation des Etats-Unis et affirmait jeudi soir qu'il est «absolument indiscutable» que l'Iran viole le TNP. «Si le président Ahmadinejad veut venir et annoncer que l'Iran respectera ses obligations de non-prolifération aux termes du TNP, ce serait une excellente nouvelle et nous nous en réjouirions», a-t-elle dit. L'Iran, soupçonné par les Occidentaux de chercher à acquérir l'arme nucléaire, défend son droit à la maîtrise des technologies nucléaires et du cycle du combustible nucléaire. Pour Téhéran, les Occidentaux tenteraient de priver de ce droit les pays en développement tout en fermant les yeux sur les capacités nucléaires d'Israël. Le dernier rendez-vous, en 2005, avait tourné court. Des observateurs avaient même parlé de désastre. Au terme de semaines de batailles de procédure entre l'administration américaine de George Bush, l'Egypte et l'Iran, la conférence s'était achevée sans déclaration finale. Analystes et diplomates onusiens espèrent que les choses se passeront différemment cette fois-ci. A l'inverse de son prédécesseur, dit-on de source diplomatique américaine, Barack Obama et son administration veulent parvenir à un accord unanime. Susan Rice renvoie au discours prononcé en avril 2009 par le président américain à Prague sur sa vision d'«un monde sans armes nucléaires». Elle rappelle aussi que Washington et Moscou ont signé au début du mois, toujours dans la capitale tchèque, un nouvel accord de réduction de leurs arsenaux stratégiques. S'exprimant cette semaine devant la presse, l'ambassadeur d'Egypte à l'ONU, Abdelaziz Maged Maged, a salué cette évolution. Mais il a aussi noté que les pays en développement en attendaient davantage et qu'il importait de ne pas se focaliser exclusivement sur l'Iran. «Le succès dans le dossier iranien dépendra dans une large mesure de notre degré de réussite dans l'établissement d'une zone dénucléarisée (au Proche-Orient). Nous refusons l'existence de toutes les armes nucléaires, que ce soit en Iran ou en Israël», a soutenu le diplomate égyptien. Un document de travail remis par l'Egypte réclame la tenue d'une réunion internationale à laquelle participerait Israël et qui porterait sur cette dénucléarisation du Proche-Orient.Il y avait, rappelons-le, cinq Etats nucléaires, à savoir la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie en 1970, quand le traité est entré en vigueur. Il y en a aujourd'hui quatre de plus : la Corée du Nord, l'Inde, Israël et le Pakistan.