Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Le football algérien est, semble-t-il, sur la voie de la professionnalisation. Une atmosphère euphorique règne depuis l'annonce des aides publiques en faveur des clubs désireux de passer au professionnalisme. Ainsi, beaucoup d'observateurs essaient de nous faire croire que les aides financières promises par les pouvoirs publics remettront notre football sur les rails. Dans ce sens, pour réussir le démarrage du championnat professionnel, le premier dans l'histoire de l'Algérie indépendante, il a été décidé que les pouvoirs publics accordent des prêts de 100 millions de dinars à chaque club professionnel constitué en société (avec un capital minimum de cent mille dinars) ou SPA (avec un capital minimum de 1 million de dinars) pour une durée de 15 ans avec un taux d'intérêt de seulement 1%. Une véritable aubaine. De plus, les futurs clubs professionnels bénéficieront, pour l'édification de centres d'entraînement et de formation, de la concession d'un terrain de deux hectares au prix symbolique d'un dinar le mètre carré, avec une aide financière conséquente de 80% du coût de réalisation. Les frais de déplacement à l'étranger pour participer aux compétitions arabes et africaines seront remboursés à hauteur de 50% par l'Etat, ce qui constitue un atout non négligeable pour les équipes qui jouent les premiers rôles. L'Etat entend donc contribuer sérieusement à la relance du football dans notre pays. Mais il reste à se demander tout de même si les dirigeants actuels de nos clubs peuvent réellement faire preuve de professionnalisme. A-t-on oublié que de nombreuses malversations ont bouleversé par le passé de nombreux clubs algériens ? Des scandales à répétition de corruption et de détournement ont carrément causé la chute libre de beaucoup de clubs prestigieux. Malheureusement, rares étaient les interventions de la justice pour assainir cette situation ce qui explique pourquoi jusque-là notre football ne se remet guère de sa crise. L'Algérie, qui ne brille que grâce à ses professionnels évoluant à l'étranger, s'apprête à mettre en œuvre la professionnalisation du sport roi sans une moralisation des instances de club. C'est là un constat qui s'impose à tous les esprits. La président de la FAF, qui a fixé la date butoir du 30 juin 2010 pour la création de ces sociétés et la présentation du dossier à la FAF afin de bénéficier des mesures arrêtées, a, semble-t-il, oublié qu'il négocie avec des présidents de club n'ayant jamais fait l'unanimité. Leur comportement à la tête du club est, faut-il le rappeler, rarement exemplaire. Leur gestion a souvent flirté avec l'illégalité. Alors ces gens-là pourront-ils réellement faire preuve de professionnalisme ? Bien malin celui qui répondra à cette question. Pour l'heure, afin de bénéficier des mesures et de la licence FIFA, les clubs doivent disposer d'un organigramme qui comprend, outre les dirigeants de la société, un directeur général, un directeur technique, un directeur des finances et de la comptabilité, les personnels techniques nécessaires à toutes les équipes. De plus, la gestion devra être réglementaire et transparente. Et c'est là que le bât blesse car on aimerait bien savoir comment cela sera vérifié sur le terrain. Nos clubs vont-ils réellement respecter les nouvelles dispositions juridiques ? Pour cela, la FAF envisage d'élaborer une structure provisoire de gestion du professionnalisme qui sera la préfiguration de la future ligue professionnelle (LFP). Reste enfin à savoir si cette structure sera capable d'obliger les clubs à respecter leurs engagements. C'est à ce niveau-là que se situe le défi du professionnalisme dans notre football…