De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Le manque de quelques médicaments prescrits aux cancéreux persiste», lâche un patient au niveau du Centre anti-cancer (CAC) de Constantine. Un chef de service lui emboîtera le pas en disant qu'effectivement, en dépit des promesses de la tutelle, cette insuffisance continue de sévir et de compliquer davantage la prise en charge de cette frange de malades. La souffrance de ceux-ci ne s'estompera pas avec une ordonnance seulement. Des centaines défilent au quotidien au niveau du CAC pour espérer une séance de radiothérapie qui n'est pas toujours facile à décrocher avec le rush incessant des sujets en provenance des 17 wilayas de l'Est et du Sud-Est qui se partagent l'unique centre anticancéreux de Constantine en attendant le parachèvement d'autres structures réparties dans d'autres villes, promises par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pour le moment, la seule dotation, le mois prochain du CHU de Constantine est deux accélérateurs nucléaires en radiothérapie. Cette annonce faite par le ministre de la Santé Saïd Barkat le mois dernier à Constantine vise à prendre en charge sans «souffrances supplémentaires» les malades venant des autres circonscriptions. Cela, en attendant l'horizon 2014, quand chaque wilaya sera dotée de sa propre unité de soins. Concernant la prévalence, la tutelle confirme que plus de 30 000 nouveaux cas de cancer sont décelés annuellement, touchant tous les âges. Toutefois cette appréciation reste encore contestée en raison de l'absence de statistiques fiables sur cette maladie, bien que l'on place le cancer du sein, des poumons et de la prostate comme étant les plus fréquents comme le témoigne le nombre incessant des patients qui transitent par le service d'oncologie. Selon des sources médicales, «l'incidence des cancers, toutes localisations confondues, a quadruplé en moins de 20 ans.» La même source confirme que des avancées récentes font que «les cancers sont devenus curables quand le diagnostic est fait précocement». Dès lors, le développement d'une stratégie préventive apte à réduire le taux des cancéreux figure sur le calepin des responsables, et ce, dans le but d'établir le dépistage précoce. A cet effet, on apprend qu'un large programme est prévu pour les prochains mois à travers une opération de prévention et de sensibilisation. Sur un autre chapitre, la corporation demeure plus ou moins partagée sur l'organisation de séminaires récurrents sans grand impact pour le malade. «Combien de fois n'a-t-on déboursé des moyens colossaux pour organiser de multiples rencontres scientifiques. Toutefois, on ne fait en fin de compte que des constats qui restent sans suite pour la prise en charge des malades», dira un professeur qui estime que «c'est le talon d'Achille, tant les moyens ne sont pas garantis dans la continuité, du suivi psychologique à la radiothérapie. Un cancéreux nécessite non seulement une radiothérapie mais aussi des structures antidouleur», explique -t-il. Il est vrai que les avancées techniques et scientifiques ont atteint un niveau, voire des résultats plus ou moins satisfaisants, mais il reste à faire bénéficier les malades, sans exclusion ni retard, de ces nouvelles avancées. «Les nouvelles molécules coûtent chères», laisse-t-on entendre dans des cercles médicaux. Il est peut- être utile d'organiser des séminaires et de faire participer des laboratoires pour circonscrire la pathologie. Cependant, le cancéreux attend en premier lieu qu'on lui garantisse un traitement adéquat dès la maladie détectée, et la porte du CAC franchie.