En l'espace d'un trimestre, deux évènements sportifs continentaux ont eu lieu, l'un, en l'occurrence la Coupe d'Afrique des nations, a fonctionné à plein tube parce que c'était la phase finale, l'autre est européen, de moindre envergure à l'échelle de la représentativité puisqu'il ne s'agit que de la Ligue des champions du continent concerné et, simultanément, se déroulent d'autres compétitions qui, logiquement, devraient être tout aussi importantes sauf qu'elles n'intéressent en réalité personne pour la simple raison qu'elles sont, d'une part, anonymes mais sont surtout orphelines d'une dimension sportive qui ne convainc pas et ne convaincra pas… à l'exception des clubs qui y participent et forcément de leurs fans. Il s'agit bien entendu de la Champions league africaine et la Coupe arabe des clubs. Tout cela en attendant le formidable rendez-vous que sera la Coupe du monde en Afrique du Sud. Si la comparaison devait être faite entre le lustre des unes et de la médiocrité des autres, elle ne saurait être faite qu'à partir d'un paradoxe. Si nous prenons la Coupe d'Afrique des nations et la Champions League (Europe), il est aisé de constater que, pour l'essentiel, les joueurs qui font la différence dans les clubs mais surtout apportent le spectacle sont des étrangers. Dont beaucoup d'Africains. Or, si ces derniers font non seulement le spectacle mais souvent la différence pour leur club, à l'exemple de Eto'o, Drogba, Chamakh, et bien d'autres, pourquoi n'apportent-ils pas le même effet en Coupe d'Afrique pour ceux qui ont l'opportunité d'y participer ? Pourquoi le même engouement ne se crée-t-il pas autour d'eux ? Par ailleurs, quel est ce détail qui fait qu'il n'apporte pas ce «plus» attendu par leurs compatriotes dans une compétition de laquelle il est légitime de s'enorgueillir, d'en rapporter le trophée et qu'ils quittent, comble de l'ironie, par la petite porte. Des questions … encore des questions… dont la réponse n'incombe pas malheureusement aux joueurs et surtout des joueurs de talent, mais beaucoup plus à l'importance qui est accordée à ces manifestations par les organisateurs d'abord et par les clubs ou les nations qui y participent ensuite. Une telle réalité apporte une preuve irréfutable à notre sens : l'anachronisme des fédérations nationales respectives, de la Confédération africaine de football et, dans la foulée, la disqualification de leurs dirigeants qui n'ont jamais compris que le football, surtout à ce niveau-là, ne se joue plus sur le pré mais sur le terrain du show-biz. Le spectacle n'appartient plus totalement aux équipes sur le terrain mais à d'autres acteurs sans lesquels le puzzle n'aurait pas de sens. L'Union européenne, la Fédération internationale de football et, évidemment, les autres fédérations et confédérations du monde autres qu'africaine et/ou arabe l'ont compris depuis longtemps. Il suffirait pour cela de se rendre à cette évidence qui veut qu'un match de football, même appartenant à la compétition nationale, ne revêt plus l'aspect d'une rencontre de 90 minutes mais un show des plus élaborés où les paillettes rognent de plus en plus du terrain au football de papa. Il est loisible de constater que les jeunes d'aujourd'hui ne parlent de l'équipe du FC Barcelone qui joue bien au football parce que le groupe dispose de tous les moyens, c'est-à-dire d'un stade unique au monde, de salaires mirobolants, de conditions de récupération hors du commun, d'un excellent staff technique, d'une équipe dirigeante compétente et d'un conseil d'administration consciencieux. Tout cela est résumé par ces mêmes jeunes de la manière suivante : «Le Barça… la Play-station.» L'aspect ludique d'une quatrième dimension ayant déjà pris en otage un jeu où c'est pourtant l'intelligence humaine qui est à la base de tout. Et cela donne des parties de football genre «rencontres du troisième type». Pourquoi encore ? Parce que, depuis quelques années, les discussions sur des plateaux de télévision et la présentation d'une rencontre de football, au demeurant parfois anodine, éclipsent de loin le match lui-même. Heureusement pour l'esprit que les instances sportives nationales des pays arabes et africains n'aient pas suivi ou ne soient pas arrivées à suivre cette évolution, laquelle, malheureusement, et c'est le tranchant de la lame, les pénalisent d'abord sur le plan financier et ensuite font faire du sur-place à la discipline. Grave dilemme donc pour ces derniers quoique, à ce ne niveau des instances, il y ait tout autant nécessité de changement en ce sens que l'imagination ne risque pas d'être au rendez-vous tant que celles-ci ne suivront pas une cure de jouvence, ce qui est pour le moins des plus hypothétiques, ou, du moins, cesseront d'être des gériatries. A. L.