Nabil Maâloul est l'un de ces sportifs tunisiens qui a écrit les plus belles pages de l'histoire du football de son pays. Nabil Maâloul est l'un de ces sportifs tunisiens qui a écrit les plus belles pages de l'histoire du football de son pays.Le talentueux milieu de terrain des Aigles de Carthage des années 80 a fait partie du staff technique de l'équipe qui a été sacrée championne d'Afrique en étant l'adjoint de Roger Lemerre. L'actuel consultant de la chaîne El Jazeera ne nous a pas caché son admiration pour l'équipe algérienne, après tout ce qu'elle a montré depuis deux ans. Il nous parle, sans détour, de la CAN 2010 et d'autres choses encore. Ecoutons-le ! * Tout d'abord, quelle appréciation faites-vous du parcours de la sélection tunisienne lors de la dernière CAN ? En réalité, les résultats et les prestations de la sélection tunisienne, en Angola, ont été en deçà de ce qu'espéraient les Tunisiens. La raison en est toute simple. La Tunisie n'a pas pour habitude de sortir au premier tour de la phase finale, surtout que le groupe dans lequel elle figurait n'était pas très relevé. Le Gabon, la Zambie et même le Cameroun ne sont pas des adversaires redoutables. Mais que voulez vous, le football est ainsi fait. * Quelle a été la réaction de la rue tunisienne ? Mitigée. Certains ont mis en avant le manque d'expérience qui a été fatal à l'équipe, surtout que la plupart des joueurs jouaient leur toute première CAN. Alors que d'autres se sont déclarés satisfaits faisant preuve d'optimisme, persuadés que ce groupe fera très mal dans les prochaines années. Il y en a eux certains qui ont estimé qu'il y avait des insuffisances à plusieurs niveaux. Il serait injuste de reprocher quoique ce soit à l'entraîneur Benzerti qui, selon eux, n'a pris l'équipe en main qu'un mois avant le début de la Coupe d'Afrique. * Concernant l'équipe algérienne, comment jugez-vous ses prestations en Angola ? Sincèrement, j'ai été très content pour mes frères algériens, fier de ce que les Verts ont montré lors de cette CAN. La sélection a confirmé son fulgurant retour sur la scène continentale et ce, en l'espace d'un temps relativement court. La CAN a été, à mon avis, une réussite par les poulains de Saâdane. Pour preuve, cette quatrième place arrachée haut la main et qui est un très grand acquis. * Oui, mais certains ont avancé que l'équipe algérienne avait la possibilité d'arracher le trophée. Qu'en pensez-vous ? Il est vrai que les joueurs algériens pouvaient aisément remporter le trophée, mais il ne faut pas oublier qu'ils étaient absents lors des deux dernières éditions (2006 et 2008). J'insiste pour dire que leur retour a été fracassant, surtout que pour la majorité des joueurs, c'était leur toute première CAN. Mieux encore, ils ne font partie de la sélection que depuis peu de temps. Atteidre le stade des demi-finales est un excellent résultat qui promet beaucoup. * Qu'est-ce qui, d'après-vous, a manqué à l'Algérie pour aller jusqu'au bout ? L'expérience de l'Afrique, incontestablement. Saâdane s'est donné comme objectif de jouer un maximum de matchs en Angola et cet objectif a été atteint. Je reste convaincu que les sacrifices consentis en Angola porteront leurs fruits en Afrique du Sud. Cette CAN a été une excellente préparation pour le Mondial sud-africain. Les Algériens ont beaucoup appris, en un laps de temps très court et ce, sur tous les plans. * Qu'est-ce qui vous a le plus emballé au sein de l'équipe d'Algérie ? Sans hésiter, la combativité des joueurs qui la composent et leur abnégation. De toutes les façons, ce sont là des qualités reconnues chez vous. L'équipe de Saâdane a montré, lors des matchs de cette CAN et même ceux qui l'ont précédée, qu'elle ne savait pas baisser les bras. Il y a un autre atout de taille celui-là, à savoir Saâdane, qui possède toutes les qualités d'un entraîneur moderne et aussi une immense expérience dans le football. Les joueurs également qui, pour certains, évoluent dans de grands clubs européens. Ce qui constitue un avantage précieux pour la sélection nationale. * Parlons maintenant des points négatifs, autrement dit des défauts dont doit se débarrasser l'équipe algérienne ? Le manque de concentration et de sang-froid de la part de certains joueurs. Cela a d'ailleurs coûté des défaites à l'équipe. Cela doit disparaître au plus vite, car à un haut niveau tel que le Mondial, cela se paie cash. * C'est ce qui a coûté la défaite face à l'Egypte… Il faut reconnaître que ce qui a précipité les événements, c'est ce carton rouge brandi à la face de Halliche. Il a fait suite à un avertissement tout à fait gratuit. A mes yeux, il y avait penalty, mais je le répète, c'est le premier avertissement qui a tout faussé. Les autres joueurs sont totalement sortis du match, alors que leurs chances de revenir au score étaient réelles. Ils ont commis beaucoup de fautes, disons impardonnables. * Dans l'un de vos commentaires, vous avez fait allusion à Chaouchi. Pour quelle raison ? Chaouchi a eu, envers l'arbitre Codjia, un comportement inadmissible, surtout venant de la part d'un sportif de haut niveau, car il s'agit, en premier lieu, de sport. Sur le plan humain, cette réaction se comprend parfaitement. * Expliquez-vous… Chaouchi a eu le sentiment d'être victime, et à juste titre d'ailleurs, d'une grande injustice. Il a eu une réaction, disons, épidermique. Je pense qu'il y a du travail à faire dans ce domaine. * Quelle aurait été votre réaction, si vous étiez à la place de Saâdane, à ce moment-là ? Je ne peux répondre à votre question, car j'ai trop de respect pour Saadane. Je n'ai ni sa science du football ni son palmarès sportif. Je ne peux donc pas m'exprimer sur ses choix et ses décisions. Je suis par ailleurs certain qu'il a les capacités pour effectuer les meilleurs choix et cela, quelle qu'en soit la situation. Pour ce qui est de Chaouchi, c'est un jeune joueur plein de talent qui s'assagira avec le temps. * Tous les Tunisiens sans exception ont été de fervents supporters des Verts. Comment expliquez-vous cela ? Vous n'êtes pas sans savoir que les Algériens et les Tunisiens forment un seul peuple. Après la sortie prématurée des Aigles de Carthage de la compétition, c'est tout naturellement que les Tunisiens ont fondé leurs espoirs sur leurs frères algériens. Et croyez-moi, ils n'ont pas été déçus. La qualification des Fennecs pour le Mondial a fait beaucoup plaisir à toute la Tunisie. Soyez sûr que nous les Tunisiens serons tous derrière l'équipe algérienne en Afrique du Sud. * Croyez-vous, justement, aux chances de l'Algérie lors du prochain Mondial ? Les chances de franchir le deuxième tour sont réelles, pour peu qu'il y ait une bonne préparation. L'Algérie a de nombreux atouts à faire valoir. Je me rappelle qu'en 2004, alors que j'étais l'adjoint de Roger Lemerre à la tête de la sélection tunisienne, je m'étais déplacé à Sousse pour assister au match Algérie-Egypte. L'équipe d'Egypte était supérieure techniquement, mais il lui manquait cet esprit de combativité qui, au final, a fait la différence. C'est une qualité rare dans le football. Il y a aussi autre chose. * Laquelle ? Quand on a la chance d'avoir à la tête de la Fédération un homme comme Mohamed Raouraoua, on n'a rien à craindre. Je connais personnellement M. Raouraoua et je peux vous dire que votre football est entre de très bonnes mains. Entretien réalissé par Youcef Koudri