L'une des plus grandes inventions du siècle reste sans conteste Internet. Un formidable moyen de communication, d'information et d'échange sans limites ni frontières. Depuis la création du premier ordinateur programmable par Konrad Zuse (le Z3) en 1938, les innovations technologiques se succèdent à un rythme effréné. Inventé par la Dapra (Défense Advenced Researche Projects Agency) du département de la Défense des Etats-Unis, dès les années 1970 puis généralisé grâce à un réseau d'universités américaines, le réseau Internet avait pour but de créer une plate-forme ouverte à la recherche, l'université et l'industrie. Le système est devenu universel suite à l'invention de la formule «World Wide Web» (les fameux www) par Tim Berners-lee en 1990. En Algérie, après une entrée tardive en la matière, l'utilisation de la toile connaît une progression importante d'année en année. En 2001, le nombre d'internautes algériens avoisinait les 100 000 contre 4 millions recensés en septembre 2007. L'acquisition d'un ordinateur étant devenue à la portée de la grande majorité de la population et les tarifs de la connexion diminuant ont fait que beaucoup de jeunes (et de moins jeunes) Algériens en mal de loisirs se connectent pendant des heures entières, faisant le bonheur des propriétaires de cybercafé. Mais l'Internet n'est qu'un support pour les informations. Un moyen d'accéder aux données. A l'utilisateur de sélectionner le domaine et la source. Quels sont donc les centres d'intérêt des internautes algériens ? Par quoi sont-ils attirés ? «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es», dit l'adage populaire. En décortiquant le classement des 100 sites les plus consultés en Algérie, disponible sur Alexa.com, on peut avoir une idée des pratiques de navigation de nos concitoyens. Au niveau des pays dits développés, à l'image des Etats-Unis, du Canada ou de la France, après les moteurs de recherche, ce sont les sites d'information générale, de culture, de forums de discussion et de vente par Internet qui figurent en pole position. En Algérie, ce sont les sites de rencontre et de téléchargement de fichiers qui attirent la majorité des internautes. Dès les premières places, les sites dédiés à la musique, aux clips et vidéos insolites font leur apparition. S'ensuivent les sites d'échange de fichiers, images et vidéos, disputant les places à ceux consacrés aux rencontres et au «chat». Ce n'est qu'en quinzième position qu'un site d'information générale fait son apparition. Notons que ce sont les sites des journaux arabophones qui sont mieux classés que ceux de langue française. Et autre bonne nouvelle, juste après est classée une interface dédiée à l'échange et à l'entraide de haute technologie. Après une série de sites innommables se classent ceux de téléchargement (généralement pirates, puisque l'Algérie est en retard pour ce qui est du paiement en ligne) de films, de musiques et, fait remarquable, de mangas (dessins animés japonais) et jeux vidéo. Les sites de téléphonie mobile, les blogs, les jeux sont aussi idéalement placés. A la 75e place, l'Institut national de formation en informatique propose des activités et des formations. Donc, si on se fie au classement Alexa, de réputation mondiale, les Algériens sont en mal de communication. S'exprimer dans l'anonymat, sans être jugé, échanger et partager ses sentiments, faire de nouvelles rencontres semblent obnubiler nos concitoyens. Le nombre très important de sites dédiés aux rencontres et des blogs classés parmi le top 100 des plus consultés confirme ce malaise. Par ailleurs, devant la quasi-absence de manifestations culturelles, musicales ou cinématographiques, les internautes algériens recourent au téléchargement illégal des productions étrangères. Malgré le faible débit de connexion, ce qui fait que le téléchargement d'un film peut prendre des heures, sinon une journée entière, les cinéphiles prennent leur mal en patience et mobilise le PC pour le plaisir de voir les dernières productions hollywoodiennes. Pourtant, Internet n'est pas seulement un outil de loisir, même si les cybercafés en Algérie sont classés parmi les établissements de divertissement, au même titre que les salles de jeux, les médiathèques, l'aquaparc, les cirques, les cabarets, les dancings ou les salles des fêtes (décret exécutif n° 05-268 du 18 joumada ethania 1426 correspondant au 25 juillet 2005). Il peut être un formidable moyen pour l'émancipation de la personne, que ce soit du point de vue intellectuel ou matériel. Il suffit de faire le bon choix de site à consulter. Par exemple, pour les amateurs de bonnes affaires, des sites d'annonces, du genre particulier à particulier, typiquement algérien, existent. Ouedkniss.com ou annonces-dz sont classés respectivement 94e et 500e. Sur ces interfaces, le navigateur affiche le produit qu'il veut commercialiser. De l'immobilier à l'automobile en passant par le mobilier, les vêtements ainsi que les demandes et offres d'emploi, les annonces en nombre impressionnant sont disponibles. En matière d'emploi toujours, le site emploitic.com réalise de bons scores. Depuis son lancement en 2006, le nombre de visiteurs est passé de 3 000 par jour à 10 000 actuellement. Ses membres se comptent en centaines de milliers. Plus de 1 500 entreprises de toutes tailles utilisent régulièrement ses services pour rechercher la recrue idéale. Finalement, Internet n'est qu'un outil. Tel un verre, tout dépend de ce qu'on y met. Alors faisons le bon choix et consommons avec modération. S. A.