La terre a encore une fois tremblé en Algérie. Bilan : deux morts, une cinquantaine de blessés, quelques dégâts matériels, et une grosse panique (qui provoque souvent des morts). La terre a toujours tremblé et tremblera encore. La tectonique des plaques est une vérité scientifique irréfutable. Une secousse tellurique est ce qu'il y a de plus naturel, normal. Ce qui, par contre, l'est moins, c'est les dégâts et la panique qui, eux, peuvent être évités. Tout le monde a vu ces images de personnes à peine troublées par un tremblement de terre au Japon. Si les Japonais ne connaissent pas cette peur panique des séismes, c'est tout simplement parce qu'ils savent qu'ils vivent et travaillent dans des bâtiments conçus pour y résister. Les constructions parasismiques sont le produit du génie de l'homme face aux aléas de Dame Nature et, en toute logique, tous les pays où le risque sismique est avéré devraient donc les adopter. L'Algérie, qui est dans ce cas de figure, a tiré les leçons d'El Asnam, aujourd'hui Chlef, complètement ravagée par un tremblement de terre en 1980. Mais seulement en théorie. Des textes de loi obligeant tous les entrepreneurs, privés et publics, à respecter les normes parasismiques ont été élaborés et votés. Mais personne ne s'est réellement soucié de leur application sur le terrain. On s'en rendra sinistrement compte avec le crime de Boumerdès en 2003. Des milliers de morts et de disparus et une ville complètement détruite parce qu'on a complètement, et impunément, ignoré les normes parasismiques. Et que fait l'Etat ? Il ressort la loi, la dépoussière, l'actualise, la renforce et la ressert, en l'entourant d'un battage médiatique, promettant de sévir contre tous ceux qui s'aviseraient de la bafouer. Mais, avec toute sa rigueur, cette loi reste toujours un texte dont l'application exige suivi, contrôle et, si nécessaire, sanction. Les directions, les polices, les laboratoires, les centres de contrôle et les bureaux d'études qui doivent veiller au respect de toutes les lois et des normes régissant l'urbanisme pourront-ils être sur tous les chantiers de constructions, constamment ? C'est sans doute possible pour les constructions prises en charge par des entreprises publiques, mais peu probable pour le privé qui peut user de mille et un subterfuges et tricheries pour tromper la vigilance des contrôleurs. Cela sans parler du laisser-aller, des passe-droits et de la corruption qui rendent les lois inopérantes. Quelle serait donc la solution ? La pédagogie. Personne ne peut refuser d'adopter des normes s'il sait que sa vie en dépend, surtout si, en plus, il peut économiser sur les coûts de la construction. Et c'est sans doute ce rapport qualité-prix que devraient cibler les pouvoirs publics en promouvant les nouveaux matériaux et techniques de construction qui permettent de réduire les coûts sans pour autant que les édifices perdent en résistance, en esthétique ou en confort (isolation sonore et thermique). Les constructions modernes en terre qui ont fait leur preuve dans de nombreux pays et différents climats, sont un exemple parmi tant d'autres. H. G.