Le G15 est-il en phase de gagner des galons sur la scène politique mondiale ? Réussira-t-il là où les autres blocs ont calé ? Le 14e sommet du Groupe des 15 pays (ils sont en réalité 18 Etats membres ou observateurs) du Mouvement des non-alignés a été marqué par la signature d'un accord sur un échange de combustible nucléaire entre l'Iran, la Turquie et le Brésil. Le programme nucléaire iranien représente l'une des crises les plus importantes et la plus sujette à polémique au niveau des Nations unies depuis 2005. Une tension qui ne semble pas connaître de solution. Ni l'ONU, ni l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ni le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, Allemagne, France) ne sont arrivés à trouver une sortie de crise honorable et acceptable par Téhéran. Or, deux pays émergents qui voient leur influence s'accroître sur le grand échiquier mondial et membres du G15 (Turquie et Brésil) sont arrivés à convaincre l'Iran (également membre du G15) d'accepter, pour la première fois, un échange de son combustible nucléaire. Mais, les coalitions «force G» et autres instances «gendarmes» accuseront-elles le coup ? Le G5+1 acceptera-t-il une solution apportée par un autre G ? Le groupe des pays émergents tente depuis une vingtaine d'années de constituer une force de résistance à une gestion unilatérale des affaires de la planète. «Le monde de ce début du XXIe siècle ne saurait continuer à être régi par les institutions et les pouvoirs de décision reflétant les rapports de force issus de la fin de la Seconde Guerre mondiale», soutenait le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, dans un discours lu au sommet de Téhéran. Rappelant l'apport des pays émergents du Sud dans le commerce mondial, leur part grandissante dans les investissements étrangers ainsi que leur contribution à l'aide publique au développement, Abdelaziz Bouteflika fera remarquer que «c'est la première fois depuis l'ère des affirmations de nos souverainetés que l'on assiste à une telle reconfiguration des relations économiques internationales et du multilatéralisme». Le président de la République, à l'instar des autres membres, préconise le renforcement du travail en concertation au sein du groupe afin de contribuer «à un éveil de nos partenaires du Nord aux vertus de la prospérité partagée et du développement durable». Avec comme impératif «la promotion de règles de jeu équitables dans le domaine du commerce, du financement, de l'investissement et du transfert de technologie», poursuit Abdelaziz Bouteflika. C'est un nouvel ordre mondial qui est revendiqué. La solution proposée pour la sortie de ce qui est communément appelé la crise nucléaire iranienne constitue un véritable test quant à l'acceptation de ce genre de «contre-pouvoirs» par les puissances occidentales. Notons que l'accord signé entre les trois pays (Iran, Turquie et Brésil) porte sur l'échange de combustible nucléaire iranien contre l'uranium enrichi à 20%. L'accord ne semble pas emballer les responsables occidentaux. Alors que l'AIEA tente depuis octobre dernier de convaincre l'Iran de signer un accord avec les Etats-Unis, la France et la Russie pour leur livrer l'uranium faiblement enrichi, qui serait enrichi à 20% en Russie puis transformé en France en combustible. Alors qu'est-ce qui gêne, le procédé choisi ou les pays impliqués ?! S. A.