Le dernier sommet du mouvement des non-alignés s'est terminé en queue de poisson. Que reste-t-il de ce mouvement né dans la douleur et qui doit choisir maintenant son destin? Les pays ayant opté pour le non-alignement devront composer aujourd'hui avec d'autres blocs régionaux plus puissants et plus influents. Que peuvent-ils face à une crise mondiale multidimensionnelle ? Peu de choses en réalité. Bien que l'appel à l'avènement d'un nouvel ordre mondial soit plus que légitime, les non-alignés seront confrontés, aujourd'hui, à une urgence qui ne dit pas son nom. Ce mouvement, qui regroupe aujourd'hui 118 Etats et représente 55% de la population mondiale, pourrait influer sur un bon nombre de questions stratégiques. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour diverses raisons. Le dernier sommet s'est contenté de déclarations qui abondent dans le même sens : «Pour un nouvel ordre mondial juste et équitable». Il faut dire qu'après la disparation «tragique» du bloc soviétique, l'«unipolarité» règne en maîtresse. Les Etats-Unis représentent cette tendance «angélique» du gendarme du monde qui s'est installée dans la durée. Oui, les Etats-Unis contrôlent tout. Tout le monde le reconnaît. Toutefois, force est de constater que la force de frappe de l'Oncle Sam n'est que l'ombre d'un réseau de multinationales bien structuré qui décide de tout et de rien. Ce dernier est partout dans les moindres recoins de la planète. Son profit dépasse dans certains cas les PIB de plusieurs pays réunis. Il contrôle tous les secteurs économiques et stratégiques. Aujourd'hui, à l'heure de la crise mondialisée, en difficulté, ces entreprises sans nom se cachent derrière les ailes des institutions qu'elles ont bien confectionnées ou engendrées, le FMI et la BM. Par conséquent, un monde unipolaire est une chimère. Le monde est sous l'emprise de multinationales qui défient toutes les économies. Les non-alignés devraient aujourd'hui revoir leurs politiques économiques de façon à éviter les chocs frontaux. La crise alimentaire est toujours dans les mémoires. Faire barrage aux lobbies qui tiennent d'une main de fer l'économie mondiale commence à l'intérieur des pays. Tout commence à partir de là… S. B.