On les croyait disparus de la scène internationale. Mais ils sont toujours présents et actifs. Les pays, Non-Alignés, tiennent cette semaine ( les 24 et 25 février ) leur sommet à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Les travaux de la conférence ministérielle préparatoire du sommet a, d'ailleurs, commencé hier, avec la représentation de l'Algérie par le chef de notre diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem, qui sera rejoint par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui assistera au sommet. Se tenant dans une conjoncture mondiale empreinte d'une tension sans précédent dans les relations internationales et d'un unilatéralisme primaire de la part de la seule superpuissance qui reste en scène, les Etats-Unis d'Amérique le mouvement des Non- Alignés, qui a vu le jour au milieu des années 1950 pour ne s'aligner sur aucun des deux blocs antagoniques de l'époque, l'Est et l'Ouest, est, aujourd'hui à la recherche d'une voie qui lui permettrait d'avoir son mot à dire dans la gestion des affaires du monde. Du coup, la question de la revitalisation du mouvement sera, cette fois aussi, au centre des débats des 114 délégations présentes au niveau ministériel et sera âprement discutée au sein des quatre groupes de travail qui lui sont consacrés. D'ailleurs, faut-il rappeler que ce thème de la «redynamisation» du rôle du regroupement a déjà fait l'objet d'une profonde réflexion, depuis la conférence ministérielle de Nicosie (Chypre) en 1992, et surtout au lendemain de la mise en place en 2002 (sommet d'Afrique du Sud) d'un comité de travail spécifique composé essentiellement de pays ayant assuré la présidence en exercice du mouvement? Il constituera également la trame principale du projet de déclaration finale qui sanctionnera les travaux des chefs d'Etat et de gouvernement qui seront présents au sommet. Mais au-delà de ces questions de redéploiement du mouvement à travers son fonctionnement, sa revitalisation, et son adaptation au contexte international de ces dernières années qui semblent faire l'unanimité parmi les membres du mouvement, ce sont les sujets brûlants de l'heure (crise irakienne, Corée du Nord, désarmement et terrorisme ) qui ne suscitent pas de positions conjointes même s'ils sont au centre des discussions. Le mouvement apparaît, d'après des observateurs, divisé sur ces sujets et bute sur l'adoption d'une position unanime ou majoritaire sur l'Irak, la Corée du Nord, deux pays membres accusés par Washington de possession d'armes de destruction massive, et sur une définition du terrorisme. Ainsi, si l'Irak n' a pas réussi à obtenir que le mouvement lance un appel à la Ligue arabe pour que les pays arabes refusent leur soutien logistique à l'armée américaine, - le projet de résolution élaboré en ce sens par les hauts fonctionnaires du mouvement n'ayant pas satisfait des pays comme Singapour, le Koweït, le Chili et l'Indonésie, - la politique des Etats Unis su l'Irak a été critiquée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du regroupement par le vice-Premier ministre malaisien, Abdallah Ahmad Badawi, lors de la séance d'ouverture de la réunion ministérielle. Ce dernier s'en est pris implicitement à la politique unilatérale de l'Administration américaine en déclarant qu'un monde dominé par une superpuissance unique «était traversé par un profond sentiment de malaise et d'incertitudes sur son avenir». Il s'est même risqué à faire la comparaison entre un passé tout récent et un avenir incertain pour tout le monde en estimant que «le monde n'est pas meilleur aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque le mouvement des Non-Alignés avait été créé comme une solution de rechange aux blocs de l'Est et de l'Ouest pendant la guerre froide». Alors les pays du mouvement réussiront-ils une nouvelle fois à trouver une nouvelle parade?