De notre envoyée spéciale à Téhéran Hasna Yacoub Avant l'ouverture du sommet du G15 hier, le président iranien Ahmadinejad a signé un accord avec le Brésil et la Turquie qui prévoit de faire enrichir en Turquie l'uranium iranien. Cet accord doit être validé par l'AIEA et le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais malgré cet accord, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que «l'Iran va continuer à enrichir l'uranium sur son territoire». Cette déclaration pourrait réduire à néant la médiation turco-brésilienne dans la crise du nucléaire iranien. Précisons qu'un tête-à-tête a eu lieu hier entre le président de la République islamique d'Iran et le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva. Ce dernier a également été reçu par le guide de la République islamique Ali Khamenei. Le président Ahmadinejad a «remercié» Lula «pour sa défense du droit de la nation iranienne et ses positions pour réformer l'ordre mondial». Le président brésilien et le Premier ministre turc qui s'opposent à de nouvelles sanctions internationales contre l'Iran ont assuré la médiation dans ce dossier. Une médiation qui a été présentée, rappelons-le, par les Etats-Unis et la Russie comme celle de la dernière chance d'une solution diplomatique avant l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de nouvelles sanctions contre l'Iran. Ce qui risquait d'envenimer encore plus les relations avec l'Iran puisque Mahmoud Ahmadinejad, avait averti, le 4 mai dernier, lors d'une conférence de presse en marge de la conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à New York que, si le Conseil de sécurité de l'ONU adoptait une 4ème résolution de sanctions contre l'Iran, les relations de son pays avec les Etats-Unis «ne s'amélioreraient plus jamais». Hier, les deux médiateurs sont parvenus avec Mahmoud Ahmadinejad à un accord prévoyant de laisser à la Turquie le soin d'enrichir l'uranium iranien sous la supervision de l'AIEA. Si les grandes puissances acceptent cette proposition, l'Iran enverra dans un délai d'un mois 1 200 kg de son uranium faiblement enrichi en Turquie, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Cet uranium serait échangé dans le délai maximum d'un an contre 120 kg de combustible hautement enrichi, nécessaire au réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Un tel processus devrait permettre de s'assurer que l'uranium iranien n'est pas utilisé à des fins militaires. «Il est temps pour les pays ‘‘5+1'' d'entrer avec l'Iran dans des pourparlers fondés sur l'honnêteté, la justice et le respect mutuel», a déclaré Mahmoud Ahmadinejad après la signature de l'accord. Il faisait, bien sûr, référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité et à l'Allemagne.