Photo : hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les APC sans moyens et les élus locaux sans prérogatives et sous pression de l'administration et de la population en crise sociale. Tel est le constat global qui résume la vie quotidienne de ces institutions dans la wilaya de Tizi Ouzou. «Nous souhaitons plus de prérogatives, plus de liberté, de respect des lois et du code communal, un statut de l'élu et une multiplication et une diversification des moyens matériels et des enveloppes financières conséquentes pour faire face aux urgences régionales et la concrétisation des programmes de développement local», telles étaient les demandes phares d'élus de la région de Kabylie dont les structures sont endettées, bloquées, mal gérées, sans revenus, sans compétences, ni liberté d'agir, qui s'apprêtaient à rencontre le chef de l'Etat en été 2008. Ces demandes sont les conséquences de la situation difficile à tous les niveaux que vivent ces entités affaiblies par leur position matérielle et confrontées directement aux préoccupations des couches les plus frappées par la misère et le dénuement. «Il n'y a pas mieux placé que le maire pour connaître les problèmes des citoyens», nous déclarait un président d'APC de la wilaya de Tizi Ouzou à propos des «interférences» de l'administration dans la gestion des problèmes de la cité relevées par des élus.Quand la frange des jeunes s'inquiète de l'absence du minimum pour le divertissement et la pratique de sports et de loisirs dans la plupart des communes, les élus répondent que les assemblées ne sont pas dotées de moyens à hauteur des besoins exprimés par les administrés en proie à de multiples soucis sociaux et économiques. «Notre commune est très pauvre en matière de rente propre à elle. Nous n'avons pas d'entreprises avec une incidence sur la fiscalité, pas de régie ; l'APC vit grâce aux subventions de l'Etat. Aussi, tout projet économique d'envergure échappe au maire et quand un quelconque projet de cette nature est cédé, le maire n'est pas consulté et le rôle de l'élu est, de fait, réduit sauf en ce qui concerne la gestion des PCD (programme communal de développement) dont l'impact demeure insignifiant sur les besoins de la population», ajoute un autre président d'APC, montrant par là l'inconfortable place du premier magistrat de la commune. Un autre élu nous apprend que les dossiers des personnes handicapées s'accumulent sur son bureau et que «le service social attend qu'un bénéficiaire du filet social décède pour faire bénéficier un nécessiteux placé sur la liste d'attente». Et comme l'été arrive, il est malheureux d'apprendre par exemple que la wilaya de Tizi Ouzou (1 119 646 habitants, RGPH 1998) ne dispose que de trois piscines plus ou moins commodes et d'une quatrième au stade de projet depuis des années à Laazib Ahmed au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. Cela sans compter les «reproches» que ne manquent pas d'adresser des habitués de ces piscines tels que les tarifs pratiqués qui n'encouragent pas une pratique massive de la natation. Celle du stade du 1er Novembre de Tizi Ouzou (18 mètres) a, enfin, rouvert ses portes après une fermeture de plusieurs mois. La piscine du parc d'attractions privé Tamaghra d'un bassin de 25 m (semi-olympique, couverte) accueille un public à la recherche de fraîcheur et de détente durant la saison chaude. Toujours au registre des infrastructures pour jeunes et moins jeunes, la wilaya de Tizi Ouzou avait lancé en 2006 le programme d'une bibliothèque et d'une crèche pour chacune des 67 communes. Avec une enveloppe de 840 millions de dinars, un programme de bibliothèques au profit de 62 communes sur les 67 que compte la wilaya de Tizi Ouzou a ainsi été lancé dans ce cadre. Faute d'assiettes foncières, beaucoup de communes avaient éprouvé des difficultés à satisfaire à ce programme dont on ignore le taux d'avancement sur les sites choisis.a ce propos, la dernière protestation en date est venue des maires, élus du RCD, de la wilaya de Tizi Ouzou qui ont mis le doigt sur des aspects de leur gestion, freinés dans leur élan par l'administration centrale et locale. Ces maires réclament plus de dotations en PCD, qui ont, rappellent-ils au passage, diminué de 20 millions de dinars par rapport aux années précédentes. «Paradoxalement, c'est au moment où l'administration annonce des disponibilités financières sans précédent que le budget alloué aux APC se rétrécit», insistent-ils dans leur déclaration du week-end dernier, avant de s'en prendre aux tutelles ministérielles : «Les projets sectoriels sont lancés sans aucune concertation avec les élus et encore moins avec les citoyens.»A quand une autonomie de la gestion du développement local ?