Le verdict prononcé par la Fédération internationale de football contre l'Egypte sonne comme une sanction symbolique. Il est en effet difficile de dire que l'instance de Joseph Sepp Blatter a sanctionné le football égyptien dans le sens où sa sélection nationale a été invitée à accueillir ses premiers hôtes à 100 kilomètres de la capitale. A El Ismaïlia ou à Alexandrie, elle sera toujours chez elle, et avec un bonus : respirer un air plus frais loin de la capitale. Le message est manifestement clair. En inventant une sanction traditionnellement infligée aux clubs dont les supporters seraient coupables de violence ou de troubles, la FIFA vient de confirmer qu'elle n'accomplit dans l'équité et l'impartialité son arbitrage que très rarement. Sa sentence du 18 mai 2010, à Lausanne, pour des événements survenus le 12 novembre 2009 au Caire, ne laisse pas l'ombre d'un doute sur un arbitrage complètement raté aussi bien dans le fond que dans la forme. Car, si on se réfère au poids de la supposée sanction qu'elle a prononcée suite à un caillassage ayant fait le tour des chaînes de télévision et des sites Internet, on est franchement en droit de conclure que l'ONU du football fait la promotion de la violence et du désordre. Pour des griefs nettement moins graves, des fédérations et des sélections ont subi des sanctions plus que symboliques. Dans la forme, la commission de discipline de la FIFA a également échoué dans son œuvre. Son insistance à collecter des informations et des témoignages n'était pas aussi nécessaire qu'on le pensait auparavant. Les sanctions de mardi dernier ne se sont nullement basées sur les éléments recueillis par la FIFA dans l'enquête qu'elle fait semblant de mener. Le verdict restera visiblement une véritable énigme dans le sens où il est en parfaite inadéquation avec les faits qui ont été traités. Ce qui est cependant limpide à l'issue de la récente délibération émanant de Lausanne, c'est que le lobbying n'est pas une simple rhétorique pour les Egyptiens, dont le football national s'en est sorti à bon compte alors que ses responsables craignaient –à juste raison- des sanctions à la dimension du traquenard préparé contre les Verts au mois de novembre dernier. Grâce à sa solide représentation dans les instances internationales, notamment dans les commissions de décision, l'Egypte a réussi à contourner une crise dans laquelle aurait pu sombrer son football. Les Egyptiens retiendront peut-être cette répartition des rôles : les dérives de la fédération nationale ne sont pas présentées comme telles au niveau des instances internationales à l'heure de l'arbitrage final. Les actes en question bénéficient d'un traitement d'exception par la force d'un lobby égyptien huilé à ce genre de bataille et dans lequel les ambitions personnelles reculent devant l'intérêt national. A. Y.