La question de l'hygiène continue de se poser avec la même acuité dans notre pays. L'insalubrité règne aussi bien dans les rues que dans les lieux publics, avec les risques que cela suppose en matière de santé. Aucune ville du pays n'est épargnée par le phénomène, y compris celles réputées pour leur propreté. Un mythe qu'elles tentent plutôt mal que bien d'entretenir en dépit du nouveau visage qu'elles offrent désormais comme l'attestent leurs habitants. Un aveu qui cache mal leur responsabilité dans cette situation, les citoyens étant dans leur majorité des pollueurs. Les villes algériennes offrent presque toutes des images désolantes d'immondices jonchant le sol, le spectacle de décharges sauvages est courant, jusque devant les entrées d'immeubles. On se débarrasse des déchets ménagers en les balançant par les fenêtres et les balcons pour faire place nette dans sa cuisine, quitte à répandre par terre le contenu des sacs poubelles. Faute de sanctions, le phénomène s'amplifie et touche même les grands boulevards où piétons et automobilistes en sont gratifiés de temps à autre. A travers les rues et les ruelles, les ordures se disputent la place aux eaux nauséabondes qui s'écoulent le long des caniveaux quand elles ne débordent pas sur la chaussée. Totalement indifférents, les citoyens y évoluent allègrement et se contentent d'enjamber ce qu'ils considèrent comme de simples obstacles. Nullement gênés, eux non plus, les commerçants qui y exposent leurs corbeilles de pain et leurs cageots de fruits et légumes. Il est clair que l'hygiène est loin d'être pour nous une notion familière, mais recourir à ce genre de pratiques est une manière de consacrer une fois pour toutes notre absence de civisme. Des automobilistes qui se débarrassent de bouteilles en plastique et de papiers d'emballage par la vitre en pleine autoroute, des gestes que l'on voit régulièrement et qui sont devenus une seconde nature. Mais certains d'entre eux vont jusqu'à déposer en bordure des autoroutes des sacs de déchets qu'ils sont censés placer dans des décharges publiques et qui restent plusieurs jours sur place. Une scène choquante indigne de ces hommes –et de ces femmes aussi- pourtant prompts à faire usage de la technologie quand cela les arrange. Mais cela ne dédouane pas les pouvoirs publics qui restent indifférents devant de telles pratiques et dont la prise en charge de notre environnement laisse à désirer. Comme si nous vivions dans deux mondes différents. R. M.