Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme à propos du tabagisme féminin, qui est en augmentation alarmante en Algérie. C'est ce qu'a révélé récemment la coordinatrice de la santé universitaire du secteur sanitaire de Sidi M'hamed, la Dr Leila Boulaaras. Lors d'une journée de sensibilisation organisée à l'Université d'Alger, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme, cette spécialiste a fait part d'une hausse sensible du tabagisme parmi la population féminine en Algérie, précisant que ce phénomène n'est plus limité aux milieux universitaires. Elle met l'accent sur le fait que fumer le narguilé, «un phénomène de mode», pendant une heure de temps équivalait à 200 cigarettes/jour, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, dit-elle, «fumer du narguilé aggrave le risque d'atteinte des différentes maladies transmissibles par voie respiratoire et par la salive, telles la tuberculose, l'hépatite virale et certaines affections de la peau», prévient-elle. Ainsi, constatent les spécialistes, les femmes qui fument sont de plus en plus nombreuses, ce qui nuit énormément à leur santé. En effet, elles sont de plus en plus exposées à des maladies qui, il y a seulement une trentaine d'années, frappaient surtout les hommes : en particulier les cancers des voies aériennes et les maladies cardio-vasculaires. En effet, le tabac fragilise les vaisseaux et les tissus de manière très importante. La consommation de tabac est aussi une contre-indication absolue à la prise d'une pilule combinée (contenant de l'éthynil-estradiol), (car l'estrogène présent dans les pilules combinées est susceptible de favoriser la formation d'un caillot dans un vaisseau sanguin fragilisé), note-t-on. Le cancer du poumon, de la langue, de la gorge et de la vessie font partie des nombreuses maladies causées par le tabagisme. Selon le professeur Salim Nafti, président de la Société algérienne des maladies respiratoires et de l'asthme et également chef du service de pneumophtisiologie au CHU Mustapha, «sur les 25 maladies dues au tabagisme, 85% touchent l'appareil respiratoire, 30% le cœur et les vaisseaux et 8% causent le cancer». Le monoxyde de carbone, l'un des composants de la cigarette et matière la plus toxique, passe directement dans les poumons et pourrait causer l'asphyxie tout comme la nicotine qui agit sur le cerveau et accentue la dépendance à la cigarette. D'après ce spécialiste, «les matières toxiques qui entrent dans la composition de la cigarette agissent sur les globules rouges». Il met en garde contre la consommation des cigarettes «light» qui contiennent des matières à même d'accentuer la dépendance à la cigarette. D'autre part, le professeur Nafti a préconisé de suivre une hygiène de vie saine basée sur trois règles de base, à savoir 0 cigarette/jour, 5 fruits et légumes et une marche quotidienne de 30 minutes. De son côté, le recteur de l'Université d'Alger, M. Tahar Hadjar, a insisté sur la poursuite de la lutte contre le tabagisme en milieu universitaire. Il a rappelé dans ce sens les résultats obtenus par l'université depuis l'annonce il y a deux ans de la campagne «Université sans tabac». Notons que l'Université d'Alger organise périodiquement des campagnes de sensibilisation à la lutte contre le tabagisme en milieu estudiantin. Le recteur de l'université a, par ailleurs, annoncé l'installation d'un service à l'unité de médecine universitaire pour accompagner les étudiants désirant procéder au sevrage tabagique. La lutte antitabac fait l'objet de campagnes depuis quelques années. Un programme mis au point par la professeur Skander, chargée du dépistage des maladies causées par le tabac au CHU de Beni Messous. Cette spécialiste a lancé plusieurs enquêtes au niveau des établissements scolaires de Tizi Ouzou, de Boumerdès et d'Alger ainsi qu'au sein des familles algéroises. Notons enfin que les spécialistes plaident pour l'adoption d'une stratégie nationale de lutte antitabac et la mise en œuvre de la convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ratifiée par l'Algérie. A. B.