Considéré, il y a quelques années, comme un pays à faible prévalence, l'Algérie est aujourd'hui la région la plus touchée par cette épidémie dans le Maghreb. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. D'autant que même le corps médical n'y échappe pas. Jetées aux oubliettes durant toute l'année, les campagnes de sensibilisation contre cette maladie ne refont surface qu'à l'occasion de la journée internationale. Puis plus rien jusqu'au prochain rendez-vous annuel. Mais entre-temps, le sida ne s'arrête pas. Au contraire, il progresse. En effet, la progression du sida dans la capitale de l'Ouest a atteint des proportions alarmantes et des mesures de prévention et de sensibilisation doivent être prises par les départements concernés. La sonnette d'alarme est tirée par des professionnels et autres spécialistes oranais. La raison ? Pas moins de 7 nouveaux cas ont été enregistrés dans les différentes structures de soins à Oran. Plus de 700 personnes malades et plus de 2 000 séropositifs sont enregistrés en Algérie. Ce sont les statistiques terrifiantes du sida depuis son apparition, il y a vingt-cinq ans, selon un membre de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Les caractéristiques épidémiologiques des cas de sida déclarés indiquent que 70% des personnes atteintes sont de sexe masculin et 30% féminin. La tranche d'âge sexuellement active des 20-49 ans est la plus atteinte et représente 80% des cas. Pour les cas contaminés, c'est la “voie hétérosexuelle” qui prédomine, alors que ceux infectés à l'étranger sont partagés entre la toxicomanie et la voie sexuelle. Pire, bon nombre de personnes ignorent carrément leur séropositivité. “Une mortalité à la mesure d'une inquiétante situation épidémiologique”, analyse un médecin travaillant au CHU d'Oran, comme pour montrer que la progression de cette épidémie même si elle n'est pas, comme en Afrique subsaharienne, au stade de pandémie, il n'en demeure pas moins que “la situation peut basculer vers la fatalité si les moyens de prévention ne sont pas mis dans le système de santé”. Plusieurs enquêtes ont indiqué que l'Algérie était à “faible prévalence”. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la séroprévalence de l'infection VIH chez l'adulte est de 0,07%. L'Algérie est en revanche le pays le plus touché par l'épidémie dans le Maghreb, soit environ le double de ses voisins marocain et tunisien. Ces nouveaux cas de VIH permettent de dresser un constat inquiétant : le virus du sida agit sur le corps social de la même manière que sur le corps humain en affaiblissant petit à petit les défenses immunitaires.Les personnels de santé victimes du sida ne sont pas remplacés alors que le nombre de malades augmente. Ch. L.