Avec sa propension à entourer du plus grand secret la sélection nationale, ou plutôt entretenir le plus grand ésotérisme sur ce qu'il fait en tant que timonier à sa tête, une attitude qui, forcément, est loin d'être l'indicateur annonciateur d'une surprise, agréable s'entend, Rabah Saadane n'arrête pas en réalité d'alimenter les plus grands doutes de ceux qui savent du football autre chose que la durée d'une partie, les mesures du terrain et qu'un but, c'est lorsque l'une des équipes met la balle dans le filet de l'autre.Il semble des plus faciles aujourd'hui de parler de conditions de préparation «high-tech». Aucun staff technique d'une autre équipe qualifiée au Mondial n'aborde ce volet, chacun des entraîneurs concernés est à même de jauger, non pas ses chances, mais les capacités de son team à arriver à un objectif précis donné.Le sélectionneur national n'exclut plus la possibilité de terminer en seconde position au sein du groupe. Il n'est pas interdit de rêver sauf qu'un cauchemar n'est pas écartable et que le réveil n'en serait que plus douloureux au cas où le rêve serait de la dimension de celui des «Mille et Une Nuits».Même si le supporter lambda, lequel garde intactes sa conviction et sa passion à aduler une équipe dont le seul mérite reste de l'avoir extrait de la torpeur d'une compétition nationale malade depuis plus d'une décennie, il n'existe aucune référence des capacités des Verts depuis les éliminatoires jumelées CAN/CM, le tournoi africain lui-même et la prochaine rencontre amicale face à l'Irlande, et exception faite cependant de ce grain de sable qu'avait été la rencontre face à la Serbie. Il semble des plus difficiles, voire hypothétiques, d'avoir une idée précise des chances de l'EN au Mondial et encore moins de quantifier ses forces et ses faiblesses. Le sélectionneur national a juré «assumer ses responsabilités» une fois le rideau tombé. Il ne manquerait plus justement qu'il ne les assume pas, mais pour quelles conséquences et quelles solutions. Le réveil général avec la gueule de bois ne risque que de conduire une nouvelle fois à une voie sans issue et à une autre traversée du désert pour le football national dont le professionnalisme annoncé à cor et à cri est loin d'être la solution finale.La sélection nationale algérienne a très peu de chances sinon pas de chances du tout de passer le premier tour, plus qu'un risque, il s'agit d'une certitude pour la simple raison que le niveau du football mondial est aujourd'hui largement connu compte tenu de la phénoménale médiatisation qui l'accompagne parfois… outrancièrement et qui a fait que des nations qui ne s'y sont jamais intéressées sont passées, depuis leur entrée dans le concert, d'épouvantails à challengers. Il faut juste souligner qu'entre-temps le niveau des compétitions nationales de ces pays a très nettement évolué.Il est de notoriété publique que le sélectionneur national a passé le plus clair de son temps depuis deux mois à superviser à travers les stades d'Europe tout footballeur identifié comme détenant la nationalité algérienne, certains parmi les «découvertes» de dernière minute de Saadane se disent tout heureux de «connaître l'équipe nationale d'Algérie et rencontrer des éléments évoluant ailleurs qu'ils ne connaissaient jusque-là que de nom et qu'ils feront tout pour faire un bon Mondial». Et pour cause, existerait-il alors meilleur repère dans une carte de visite dramatiquement blanche encore ? Existait-il alors une autre solution ? Sans doute : maintenir en l'état le groupe qui a permis d'aller en Angola et surtout en Coupe du monde, ne serait-ce qu'en raison de tout ce qu'il recelait d'homogénéité sur tous les plans, en considérant seulement que l'Afrique du Sud n'était une finalité que dans la mesure où il était question d'y aller et non de penser à remporter le trophée en passant sur le corps des Anglais, des Américains et des Slovènes. Mais tant qu'il en existera pour qui «l'essentiel est de participer» ou qui affirmeront que «cela nous a permis de jauger nos forces» sinon d'«être persuadés d'avoir réalisé une bonne participation mais que l'essentiel est qu'on prenne soin de ce groupe prometteur si à l'avenir», la discipline ne pourra que redémarrer au prochain challenge. Avec les mêmes travers forcément… l'histoire étant un éternel recommencement. Avant et après le Mondial mexicain, la même ambiance prévalait. A. L.