Quatorze jours après son ouverture, la 11ème édition du Festival culturel européen d'Alger continue à drainer les foules. Les spectateurs étaient nombreux devant les portes de la salle Ibn Zeydoun, dimanche dernier, où la musique anglaise était à l'honneur avec un concert de jazz offert par le trio Neil Cowley. C'est devant une salle bondée, des jeunes principalement, que les musiciens «so british» font leur entrée avec une démarche d'assurance et de classe. Tirés à quatre épingles, ils s'installent derrière leurs instruments. Sur scène, un piano, une contrebasse et une batterie… un trio d'enfer ! Neil Cowley semble très à l'aise face au public algérien. En chemise et bretelles et avec un accent amusant il séduit vite son public. Il s'installe derrière son piano et entame une intro surprenante. Son jeu est violent et bien rythmé. Le batteur, Evan Jenkins, se déchaîne sur ses cymbales et enflamme ses baguettes. Quant au bassiste, Ricahrd Sandler, il se contente de créer un lien entre les deux sons endiablés. Neil est infatigable, il joue, parle à son public mais, surtout, use de son charme et de son humour. Les spectateurs sont très réceptifs, ce qui engendre une véritable symbiose entre la scène et la salle. Il gâtera le public en jouant un extrait de son dernier album Radio silence sur lequel il s'abandonne à un solo interminable. Sa musique est très coquette et caresse l'ouïe. Alternant les rythmes, il surprend et suspend son jeu à la fin pour ne laisser qu'un agréable souvenir. Il enchaîne avec le titre His Nibs qui est plus agressif. Le batteur se régale avec une série de drums solos coachés par le pianiste. Il reste quand même dans l'ombre. Définissant son genre comme piano jazz, Neil Cowly est un fervent adepte du free jazz, un registre qui va comme un gant à sa créativité artistique. Il amorce le morceau en douceur, met en avant des solos pour enfin revenir au thème principal. En véritable bête de scène, il opte souvent pour des fins bien corsées. En décrivant le son de son piano comme «une musique pour le cœur et les pieds», Neil a utilisé les termes appropriés vu qu'il présente dans son choix un voyage au cœur de son monde si particulier. Créé il y a peine quelques années, le trio Neil Cowly a réussi à s'imposer dans l'univers musical jazz connu pour son exigence. Fidèle à l'école classique, il a quand même imposé sa signature en proposant un excellent assemblage d'influences musicales. Il a à son actif quatre albums, dont Révolution, Displaced, Loud Louder Stop et Radio silence. W. S.