Les banques adhèrent, sans aucune hésitation, à la bonification du taux des crédits immobiliers. C'est le message qu'a voulu transmettre hier Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF) lors d'une conférence de presse animé au centre d'El Moudjahid à Alger. Le porte-parole des banques en Algérie a annoncé hier que près de 600 agences bancaires ont commencé d'ores et déjà à commercialiser ce nouveau produit sur l'ensemble du territoire national. «Pour le moment, nous avons pas moins de 13 banques publiques et étrangères qui ont décidé d'intervenir dans ce nouveau segment. Bientôt, nous aurons 15 banques qui commercialiseront le crédit immobilier à taux bonifié», précise M. Benkhalfa qui nous apprend également que la Société générale, BNP, Al Baraka Bank, Trust Bank, ABC Bank et Natexis ont pris toutes leurs dispositions pour mettre ce nouveau crédit à la portée de tous leurs clients. Ainsi, tout citoyen désireux de postuler à ce crédit pour profiter de la bonification du taux d'intérêt peut dès maintenant s'adresser aux banques publiques traditionnelles, à l'image de la BNA, du CPA, de la BDL, etc., comme aux banques étrangères qui officient sur le marché national depuis quelques années déjà. Pour déposer une demande de prêt dans l'une de ces banques, il suffit simplement d'y être domicilié. Sur un autre registre, Abderrahmane Benkhalfa a expliqué que la nouvelle bonification des crédits immobiliers concerne uniquement «les logements promotionnels collectifs neufs, y compris le LSP, contractés auprès d'un promoteur immobilier» et «les constructions rurales justifiées par une décision d'éligibilité au soutien de l'Etat, délivrée par la commission de wilaya». De plus, le logement doit être fini car tout contrat d'achat de VSP (vente sur plan) conclu avec un promoteur immobilier public ou privé, n'est nullement éligible au prêt à taux bonifié. La vente de particulier à particulier d'un logement individuel est également exclue de ce nouveau dispositif bancaire. D'ailleurs, Abbderrahmane Benkhelfa se montre intransigeant à ce sujet : «L'Etat ne peut pas financer des plus-values entre particuliers», assène-t-il en faisant allusion au marché secondaire du logement dont les prix de cession connaissent depuis quelques années une flambée spectaculaire, portant à 10 millions de dinars (un milliard de centimes), sinon plus, le prix d'un appartement F3 dans un quartier «populaire». D'autre part, le délégué général de l'ABEF estime que près de 80% des salariés algériens pourront profiter des avantages de la bonification du crédit immobilier. «Grâce à cette bonification, nous allons améliorer la solvabilité des demandeurs de logements dans notre pays. Jusque-là, le déséquilibre financier entre l'offre et la demande a toujours freiné le développement du marché immobilier en Algérie. Avec des taux bonifiés fixés à 1% pour les revenus allant de 1 à 6 fois le SNMG, et à 3% pour les revenus représentant 7 à 12 fois le SNMG, nous allons vers une solvabilisation du marché», a-t-il indiqué encore, en faisant savoir que désormais les banques pourront accorder des prêts allant jusqu'à 10 millions de dinars selon l'âge et les revenus du demandeur ainsi que ses capacités d'endettement. Pour sa part, Djamel Bessa, P-DG de la CNEP-Banque, confirme que cette bonification du taux d'intérêt va permettre l'émergence d'une demande solvable en mesure d'acquérir un logement. «De plus, l'Etat a élargi les catégories sociales éligibles à cette aide indirecte», affirme-t-il. Enfin, il est à souligner que près de 300 000 ménages ont déjà contracté un crédit immobilier jusqu'au 31 septembre 2009. Le crédit immobilier a connu une croissance de 50%, selon l'ABEF, en 2009 par rapport à 2008. Plus de 260 milliards de dinars ont été engrangés par les banques dans ce secteur de crédit et, avec l'entrée en vigueur de la bonification du taux d'intérêt, les banques espèrent, en dernier lieu, une évolution du crédit immobilier pour cette année 2010 de l'ordre de 20%. A. S.