Le syndicat de l'Etablissement public de transport urbain et suburbain d'Alger (ETUSA), affilié à l'UGTA, menace de recourir à la grève «dans un avenir proche. Peut-être dès le 10 juin prochain», informe M. Abid Boutebba, secrétaire général de ce syndicat. Accompagné du président des œuvres sociales de l'entreprise, le SG présente un document de presse dans lequel il dénonce l'insuffisance de la contribution financière de l'Etat à l'établissement : le manque de subventions d'exploitation et de la compensation tarifaire promises. «Malgré les demandes de la direction générale, du conseil d'administration et du partenaire social, tout le monde reste muet [sur la question]» est-il noté sur ce document. Après avoir longuement disserté sur la nouvelle politique de gestion de l'ETUSA entreprise «grâce à l'intervention du président de la République» ayant accordé une subvention pour solder le déficit d'exploitation au lendemain de la grève menée en juillet 2008, et qui s'est traduite par une nouvelle organisation basée sur la diminution des frais et des charges (le ratio effectif par bus est passé de 6,5 à 4 agents par bus) et l'amélioration du taux de disponibilité des bus (80% contre 55% en 2008), M Boutebba déplore le manque de soutien des pouvoirs publics à l'entreprise qui «vit le tourment». L'ETUSA connaît «un déficit financier énorme sans que personne ne s'en soucie. Ni le ministère des Transports, ni le ministère des Finances, ni celui de l'Enseignement supérieur», déplore-t-il. Le SG du syndicat accuse le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), entre autres, d'être mauvais payeur. «Les frais engagés et l'exploitation du réseau de transport des étudiants n'ont jamais été payés par le MESRS. Pis, l'ETUSA a été chargée de la mise en place de 34 établissements de transport urbain dans des villes et tous les frais sont à sa charge», dénonce-t-il. Et de poursuivre : «Voilà comment des entreprises deviennent inefficaces et économiquement non rentables.» Si les prestations offertes par l'entreprise aux citoyens ont été améliorées, néanmoins la condition salariale des travailleurs de l'ETUSA reste en marge de l'évolution. «Un chauffeur de bus touche dans les 16 000 DA et un mécanicien environ 12 000 DA. C'est intenable», déclare M. Boutebba qui informe que le régime indemnitaire des travailleurs de l'entreprise n'a pas encore changé. «L'Etat a revu sa subvention du service public de 460 millions de dinars (MDA) à 100 MDA, pourquoi ? On ne parle pas d'augmentation des tarifs de transport. On travaille surtout avec des citoyens au pouvoir d'achat réduit. On en est conscients. Mais on veut que les pouvoirs publics apportent leur aide à l'entreprise qui est prise en étau entre les obligations de résultats et le plafonnement du prix des tickets», explique-t-il. Devant cet état de fait, le partenaire social de l'ETUSA lance un «cri de détresse au président de la République pour qu'il ordonne l'étude du cas de l'établissement». «On ne veut pas recourir à la grève, mais si le dialogue n'est pas instauré dans les jours à venir, on se verra obligé de recourir au débrayage. Il y va de la survie de l'ETUSA», menace M. Boutebba. S. A.