Beaucoup d'indicateurs, d'acteurs politiques et même de commentateurs, plus ou moins sincères et spontanés poussent déjà à survaloriser la participation algérienne à la phase finale de la Coupe du monde de foot. S'il faut, avec juste raison, saluer le travail fait par les joueurs, les techniciens et la FAF pour donner un souffle au ballon rond et pour les premières bases de professionnalisme, il faut raison garder et surtout analyser froidement l'absence du pays dans les compétitions mondiales où l'Algérie avait pris des galons dans le passé. La natation, le tennis, le basket, le judo, l'athlétisme, la pétanque, le cyclisme, la boxe, pour ne rester que dans le sport, sont aussi des disciplines majeures qui font la fierté et le rayonnement de nombreuses nations où les sports scolaire et universitaire sont les champs où naissent et se cultivent des champions. Le risque donc serait que le foot, quel que soit le parcours de l'EN en Afrique du Sud, ne soit un arbre non durable pour cacher une forêt de retards et de déficits. Le vrai grand sujet à portée stratégique pour les générations futures et l'avenir est à l'évidence le plan quinquennal 2010-2014. Au beau milieu de l'année en cours, le plan en question se caractérise par l'ampleur des sommes engagées pour rattraper les retards pris par certains chantiers qui grèvent lourdement une enveloppe globale de 286 milliards de dollars. Une telle somme, et c'est tout à fait normal, a soulevé d'innombrables questions et en suscitera sûrement d'autres au fur et à mesure de l'écoulement de l'argent. Parmi les réactions de soutien au plan 2010-2014, certaines s'inscrivent dans l'ordre actuel des choses et n'apportent pas un éclairage pertinent et encore moins ne serait-ce que quelques critiques de pure forme ou un semblant de demander pour mieux saisir les priorités, les instruments de contrôle devant une manne financière sans précédent. Ces soutiens habituels et attendus en amont et en aval susciteraient plutôt des inquiétudes devant la crédibilité et la légitimité desdits soutiens. Du côté des oppositions occupées par des problèmes annexes, secondaires et par l'absence d'expertises objectives, c'est encore le silence. Il est, en effet, difficile de faire la fine bouche devant les investissements arrêtés, les chantiers et les domaines qui vont bénéficier de l'argent en question. Ce dernier par son volume, comme par le passé, va sûrement attirer tous les requins habituels et d'autres qui vont être initiés aux arcanes de la corruption, des marchés opaques, de la tchipa en 3 D, du passe-droit qui régule des réseaux bien structurés et bien informés. Les professionnels de la Cour des comptes qui ont alerté, avant la publication du montant du plan 2010-2014, sur leur incapacité à contrôler et donc à générer des sanctions, leurs doléances ne sont pas perdues pour tout le monde. Le plan quinquennal 2010-2014, il faut l'avouer, a été décidé par quelques hommes à huis clos, sans aucunement avoir initié une rencontre au sommet entre des économistes, des urbanistes et architectes, des personnalités soucieuses de l'environnement, des sociologues, des hommes de culture et des artistes, pour participer à la définition des priorités, des urgences et contribuer aux arbitrages. Aujourd'hui le vin est tiré. Il appartient au président de la République de mettre en place des mécanismes, des hommes et des instruments de contrôle pour que l'argent, tout l'argent, soit utilisé à bon escient en évitant les sempiternels «restes à réaliser» et les scandales qui coûtent cher au pays et qui, eux, salissent effectivement l'Algérie. Ce dont il s'agit, c'est un plan sous contrôle. A. B.