Photo : A. Lemili De notre envoyé spécial à Guelma A. Lemili La période indiquée pour le thermalisme, avons-nous appris à Hammam Debagh dans la wilaya de Guelma, commence en mars pour prendre fin en juin, notamment en termes de fréquentation et conséquemment de gains financiers, pour l'entreprise comme permet de le déterminer le chiffre d'affaires de plus de 210 millions de dinars (219 382 089 DA) au titre de l'exercice comptable 2009. Ce qui, somme toute, ne peut que donner à ses dirigeants toutes les raisons d'être satisfaits d'autant plus que le complexe s'auto-suffit de bout en bout et sur le plan des charges directes de fonctionnement et des possibilités d'investissements in situ et plus particulièrement s'ils visent l'amélioration des prestations. Ainsi existe-t-il sur place des ateliers de menuiserie-boiserie, plomberie qui permettent d'éviter le recours à une intervention externe et/ou la sous-traitance. Quant à la clientèle, elle semble pratiquement fidélisée et il suffirait de recenser les plaques minéralogiques des véhicules à hauteur des parkings pour comprendre que l'activité brasse large sur l'ensemble de l'est du pays. Nous saurons grâce au chef du service contrôle, Belouahed Mohamed, que «le complexe est réparti sur 44 hectares qui représentent la totalité des espaces relevant du domaine public de l'Etat, les infrastructures, bâti et aires spécifiques d'accompagnement : jardins, parkings, aires de jeu, réduits commerciaux pour la restauration rapide, souvenirs et autres colifichets, taxiphones, cafétérias, en occupent 24». Dans sa politique d'industrialisation mais aussi de socialisation du tourisme, l'Etat avait décidé de mettre Guelma au diapason du développement économique tous azimuts. L'exploitation de ses ressources naturelles, dont les eaux thermales de ce qui était appelé alors Hammam Meskhoutine, des eaux réputées aux propriétés curatives exceptionnelles et toutefois livrées à elles-mêmes quoique les populations limitrophes en jouissent depuis des temps immémoriaux, sera un premier pas vers ce développement tant attendu par la région. Une exploitation à laquelle rien ne pouvait donc s'opposer mais qui aurait méritée d'être encadrée, réglementée, voire valorisée comme cela se fait à travers le monde. D'où la décision des pouvoirs publics de doter la wilaya de Guelma, région par excellence enclavée et pauvre, d'un budget pour la réalisation du complexe thermal de Hammam Debagh qui sera réceptionné donc au cours de l'été 1976 après huit années de travaux de réalisation. Le tout allait donc se résumer en une satisfaction morale accompagnée d'un essor économique avéré et surtout de la création d'emplois et d'activités connexes qui coulaient pratiquement de… source. «En période de pointe, notamment les week-ends, nous accueillons entre 2 500 et 3 000 personnes et une moyenne de 300 clients pour le reste de la semaine. Par ailleurs, 70% de notre clientèle peut être qualifiée de récidiviste, autrement dit, entretenant une relation ombilicale avec le complexe. C'est dire que, s'il existe un secret, cela pourrait être attribué en partie à la qualité des prestations fournies. Ce qui, sans doute, expliquerait le nombre appréciable de conventions signées par l'entreprise avec des sociétés nationales parmi les plus importantes du pays et des organismes publics, via leurs structures des œuvres sociales», précisera notre interlocuteur. Une relation commerciale évidemment établie sur la base de tarifs préférentiels et des coûts proportionnellement dégressifs selon la durée du séjour. La relation de confiance qui s'est installée entre la clientèle est certainement à mettre sur le compte des avantages autres que les prestations d'usage, comme pourraient l'être l'assurance d'une prise en charge médicale et paramédicale efficiente mais aussi une réaction cohérente à tout impondérable et des moyens adaptés aussi bien sur le plan professionnel (des médecins, des infirmières, kinésithérapeute, masseurs…) que par la disponibilité des équipements idoines. 625 lits, répartis entre l'hôtel et 112 bungalows sont continuellement occupés au cours de la période précédemment évoquée durant laquelle s'active un personnel au nombre de 200 travailleurs toutes qualifications confondues, dont la masse salariale mensuelle varie entre 7 et 7,5 millions de dinars. Comme il n'existe pas de velléité de cession ou de partenariat avec le privé contrairement à ce qui s'est passé pour certains autres complexes, tout semble baigner dans la sérénité d'autant plus que Hammam Debagh n'étant pas déficitaire, l'idée d'une modification de statut n'effleure même pas l'EGT Annaba dont relève hiérarchiquement et administrativement le complexe. A. L. Brèves infos sur le complexe * Le prix de la baignade est fixé à 250 dinars par personne. En période d'affluence, l'attente est quelque peu longue malgré les capacités d'accueil et très souvent, nous sera-t-il dit par quelques habitués des lieux ou y séjournant ponctuellement, la raréfaction ou l'indisponibilité des eaux froides permettant l'amalgame des liquides chaud-froid ne permet pas la baignade dans de bonnes conditions en raison des risques de brûlures. * Il existe une anecdote autour de Hammam Debagh lequel, initialement, s'appelait à l'origine Meskhoutine qui se traduirait par «incestueux». Et c'est sur un réputé inceste que repose une légende selon laquelle un frère ait, involontairement, pris pour épouse sa propre sœur. Le courroux divin se serait alors matérialisé par la pétrification de tous les convives à la fête. Ce qui expliquerait la présence de sorte de dolmens qui font l'attraction des lieux et surtout permettent d'alimenter les discussions et d'immortaliser, par photographie s'entend, la visite. A contrario, l'enseigne Hammam Musk Outine relève plutôt du ridicule et d'une attitude pudibonde qui n'a pas de sens. * L'absence d'information appropriée par des personnes spécialisées semble être quand même le talon d'Achille du complexe. Les baigneurs doivent recourir à leur imagination, un sens de l'orientation et surtout improviser pour pouvoir se retrouver une fois sur place. Par ailleurs, quelques-uns parmi les agents ont, parfois, une attitude agressive avec ceux qui les sollicite. Mais c'est peut-être à mettre sur le compte de l'affluence exceptionnelle qui caractérise le week-end et la surcharge de travail. * Les personnes que nous avons approchées regrettent l'absence d'un parc d'attractions qui logiquement devrait régler le problème des enfants auxquels il est interdit d'accéder aux lieux même accompagnés et qui sont obligés de rester dehors dans la nature jusqu'à ce que les adultes sortent du bain. Un investissement auquel nous ne pouvons faire face, a estimé un cadre du complexe. Ce qui n'empêche pas toutefois de potentiels investisseurs intéressés de prospecter cette piste. * Un reproche est fait par les clients, appartenant généralement au troisième âge, séjournant dans le cadre d'une cure thermale. Il s'agit de l'absence d'une animation nocturne sur place. «Nous essayons de nous occuper entre nous à discuter de tout et de rien, mais nous aurions quand même souhaité qu'il y ait une animation un peu plus particulière qui nous sorte un peu de la routine.»