Près de 300 milliards de dollars d'investissements publics pour les quatre ans et demi à venir et un léger remaniement ministériel qui a principalement touché les départements chargés des dossiers économiques. Ce sont là globalement les faits marquants de la semaine dernière. La masse d'argent dégagé pour le plan quinquennal tout comme le lifting gouvernemental n'ont pas échappé aux commentaires de la classe politique et du patronat. Globalement, le satisfecit est affiché de part et d'autre. Mais, des interrogations fusent quant aux conditions de mise en œuvre du programme présidentiel et aussi sur les missions qu'auront à prendre en charge les nouveaux portefeuilles ministériels créés, particulièrement celui de la prospective et des statistiques. Pour le premier chapitre, l'accent a été mis sur le contrôle des dépenses. L'Etat, qui a investi plus de 150 milliards de dollars dans le dernier programme quinquennal, ne veut pas tomber de nouveau dans le piège du gaspillage et des malversations qui ont coûté cher audit programme. Preuve en est, le retard enregistré dans de nombreux projets qui ont connu régulièrement des surévaluations. Serait-il facile d'éviter ces surcoûts? Les orientations du président Bouteflika sont claires à ce sujet et les contours sont bien définis. Mais, sur le terrain, quelles garanties donner à ces orientations ? Le contrôle des dépenses est donc le défi auquel fera face la «nouvelle» équipe de Ahmed Ouyahia dont la première mission est de parachever les projets de l'ancien programme. Routes, rails et eau constituent les secteurs de ce programme. L'achèvement de l'autoroute Est-Ouest entre dans ce cadre. Le ministère des Travaux publics doté d'une enveloppe de 3 100 milliards de dinars aura beaucoup à faire. Amar Ghoul, reconduit à la tête de ce département, a donc du pain sur la planche. Il s'agit pour ce responsable de remettre les projets dans les délais mais surtout de veiller à ce que l'argent ne soit pas encore détourné. Idem pour les transports. Celan pour dire qu'injecter de l'argent à flots ne suffit pas pour stimuler la croissance et apporter des solutions concrètes de manière à assurer le décollage socio-économique du pays. Renforcer le rôle de la Caisse nationale des équipements de développement (CNED) et mettre les gestionnaires qu'il faut à la place qu'il faut sont les conditions sine qua non pour l'exécution du ce programme qualifié d'«ambitieux» par les experts qui estiment globalement que le cap à franchir après ce feu vert pour le programme quinquennal est le développement des ressources humaines. Les spécialistes sont unanimes : «Il y a lieu de mobiliser les capacités managériales nationales pour une bonne exécution des différents projets du plan.» Sur cette question, le nouveau département de Temmar sera d'une grande utilité. Il pourrait faire le point sur les disponibilités nationales en matière de compétence et de management, d'identifier les besoins et de tracer les perspectives. Et ce, d'autant que de nombreuses propositions ont déjà été élaborées dans ce cadre (l'Institut national de gouvernance, les écoles de management…). C'est dans ce cadre notamment que se fait sentir le besoin de la prospective, de la planification et de statistiques fiables pour le pays. S. I.