Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Le cinquième congrès de la Fédération nationale des travailleurs retraités, affiliée à l'UGTA, s'est ouvert hier pour deux jours à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. Deux cents congressistes sont venus des quatre coins du pays pour faire le bilan du mandat des cinq dernières années, mais aussi et surtout faire entendre haut et fort leurs voix, quant aux conditions de vie qu'ils subissent après des décennies de dur labeur au service du pays et de son économie. Des décennies au bout desquelles ils se retrouvent pratiquement «sur la paille», avec des pensions de retraite inacceptables. C'est le cas de le dire. Car personne ne peut vivre aujourd'hui, au moment où l'inflation a atteint les 6% et où les prix des denrées de large consommation flambent, avec 25 000 DA pour ceux qui ont la chance de percevoir ce montant. Parce qu'il faut le souligner avec force, hormis les hauts cadres de l'Etat qui émargent au Fonds spécial des retraites (FSR) et les députés qui ont vu leurs salaires augmenter de 300% avec en prime une retraite à 100%, tous les autres salariés, quel que soit le secteur d'activité, demeurent les parents pauvres de la République née après le 1er novembre 1954. La déclaration revendiquée par tous et reprise au compte de tous préconise l'équité et la justice sociale pour tous les Algériens dans une Algérie qui a recouvré sa souveraineté. Mieux, après des décennies de travail et de bataille pour la préservation de l'outil de production et sa défense au prix de leur vie durant les années du terrorisme, ils sont soumis à l'impôt sur le revenu global. Un revenu misérable duquel on leur ampute l'IRG. Comme s'ils n'avaient pas assez payé de leur chair et de leur jeunesse toutes ces années pour que l'entreprise algérienne demeure debout envers et contre tous. Hier, ils sont venus pour revendiquer de la dignité, sans plus. D'ailleurs leur fédération a repris à son compte la citation d'Albert Einstein selon laquelle «le niveau d'une civilisation se mesure à la façon dont elle traite ses vieillards». L'Algérie se targue d'être issue de la civilisation arabo-musulmane. Pourtant, ses seniors sont malmenés aussi bien par la vie que par les pouvoirs publics. Ces seniors auraient parfaitement compris que leurs pensions ne puissent connaître la moindre revalorisation si les caisses de l'Etat étaient vides. Car les sacrifices, ils y sont habitués. Aujourd'hui, ils ne s'expliquent pas cette sorte de mépris dont ils sont victimes. 286 millions de dinars sont débloqués pour le programme de relance sur les quatre prochaines années. Mais ils ne profiteront pas aux retraités. Parce qu'ils ne pourront pas jouir de toutes les infrastructures et autres projets de développement, eux qui sont démunis. Ils ne pourront pas se payer le loisir de parcourir le pays, maintenant qu'ils ont tout le temps qu'il faut. Tout cela, les retraités affiliés à l'UGTA nous l'ont exprimé en marge des travaux du congrès. Un congrès auquel a assisté Abdelamadjid Sidi Saïd qui, dans un discours qu'on ne lui connaissait pas, a fait quelque peu dans la démagogie. Ce dont les congressistes n'avaient pas besoin. Ces derniers voulaient entendre du concret. D'ailleurs, ils ont fortement regretté l'absence du ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Lequel s'est excusé en raison de ses charges gouvernementales, et s'est fait représenter par un cadre de son département qui n'a pas jugé utile de prendre la parole, ne serait-ce que pour rassurer les seniors. Hier, les retraités affiliés à la fédération UGTA sont venus revendiquer l'amélioration de leurs conditions de vie, à travers l'alignement de la pension de retraite su le SNMG, comme ce fut le cas avant l'amendement de l'article 17 de la loi relative aux retraites de 1983. Ils sont venus revendiquer l'exonération de l'impôt sur le revenu global. Dans sont intervention, Abdelmadjid Sidi Saïd les a quelque peu rassurés en leur disant que toutes leurs revendications allaient être satisfaites. «D'ici un ou deux ans, tous les problèmes des retraités seront réglés», indiquera-t-il. Est-ce à dire qu'ils devront s'attendre à d'agréables surprises à l'occasion du 20e anniversaire de la création de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) ? Deux ans, c'est beaucoup pour les personnes du troisième âge quand on sait que la spéculation a pris le pas sur la productivité et que l'import-import a pris le dessus sur la création des entreprises et des richesses. Toutefois, la fédération a transmis ses propositions au conseil d'administration de la Caisse nationale des retraites, et attend la décision du ministre en ce qui concerne annonce le taux de revalorisation. LA FNTR ayant proposé une augmentation de 10% pour ceux ayant pris leur retraite avant 1996 et 12% pour ceux qui l'ont sollicitée après. Le secrétaire général de l'UGTA annoncera la création prochaine d'un musée de l'UGTA et appellera les congressistes qui détiennent des documents ou encore des archives à les transmettre au secrétariat national. «Il faut écrire l'histoire de l'Organisation syndicale.» Ce sera la mémoire de l'UGTA, dira-t-il non sans reconnaître qu'il existe déjà quelques écrits, mais qui ne sauraient être exhaustifs. Une maison des retraités ne serait pas de trop pour Abdelmadjid Sidi Saïd qui déplore que les seniors soient contraints de se mettre sur les bancs dans les quartiers pour jouer aux dominos. Un espace convivial, avec toutes les commodités, y compris une infirmerie, serait le bienvenu. Les travaux du congrès se poursuivront aujourd'hui avec en prime la reconduction de Alaouchiche comme secrétaire général. Et certainement l'annonce du nouveau taux de revalorisation des retraites que décidera Tayeb Louh. Nous noterons par ailleurs l'absence remarquée de l'ex-SG de la FNTR en la personne d'Abdelmadjid Azzi qui n'a pas, selon nos informations, démissionné de la fédération.